Par Laura Sanchez
fr.Investing.com - Les investisseurs surveillent les données macroéconomiques cette semaine, tout en gardant un œil sur les développements dans le secteur bancaire.
"Les événements de ces dernières semaines ont mis en évidence la faiblesse de certaines banques. D'autres, en revanche, sont bien positionnées pour bénéficier de la hausse des taux et leur prix est attractif", souligne Ben Arnold, directeur des investissements chez Schroders (LON :SDR).
Selon cet expert, la crise bancaire qui a débuté en Californie a rappelé au monde que les banques sont des entreprises qui dépendent en grande partie de la confiance des déposants et des investisseurs. Mais elle a également permis à ces derniers de faire la distinction entre les types de risques encourus par les différentes institutions.
"Bien que le timing des tensions des deux côtés de l'Atlantique ne soit pas considéré comme une coïncidence, il y a une différence entre la crainte d'une défaillance systémique sur le marché bancaire régional américain et les défaillances isolées du Crédit Suisse (SIX:CSGN). Cette dernière n'est pas un canari dans la mine coal pour les banques britanniques et européennes dans leur ensemble", souligne M. Arnold.
"La chute du Credit Suisse a été principalement provoquée par lui-même, les échecs de certaines de ses activités ayant miné la crédibilité d'autres divisions. Lorsque le Crédit Suisse a publié ses résultats annuels 2022 début février, il était clair que la contagion de la banque d'investissement s'était propagée", ajoute-t-il.
Pour cet analyste, la Silicon Valley Bank (OTC:SIVBQ) n'aurait pas été autorisée à opérer dans l'environnement réglementaire plus strict du Royaume-Uni ou de l'Europe, compte tenu de ses importantes asymétries de taux d'intérêt et de son manque de couverture des liquidités. En outre, les banques régionales américaines sont très différentes des grandes banques américaines, souligne M. Arnold.
L'univers bancaire : valeur et risque
Schroders voit des opportunités dans les banques. Comme le dit Kevin Murphy, mon collègue de l'équipe actions : "Les banques dépendent de la confiance, c'est pourquoi elles sont fortement réglementées. Cette surveillance réglementaire permet aux clients de confier leurs dépôts aux banques. C'est aussi pour cette raison que la banque centrale joue le rôle de prêteur en dernier ressort, au cas où le soutien à la clientèle serait défaillant. Comme nous le savons, la confiance peut être mise à l'épreuve et, en tant qu'équipe, nous passons beaucoup de temps à analyser les bilans des banques pour comprendre les points de tension de chacune d'entre elles. Ce travail montre des mécanismes de protection accrus contre les situations de détresse, une liquidité accrue et une dynamique des bénéfices attrayante. Si nous sommes moins investis dans le secteur qu'il y a 18 mois, c'est en raison d'un élargissement des opportunités sur le marché, et non d'une réduction des opportunités dans les banques elles-mêmes. Nous pensons que les valorisations actuelles compensent largement les risques inhérents aux actions", explique M. Arnold.
"Les banques que nous préférons continuent d'avoir des valorisations faibles tout en générant des rendements significatifs. L'équipe est exposée à Standard Chartered (LON:STAN), Natwest Group (NYSE:NWG), ABN AMRO (AS:ABNd), UniCredit (BIT : CRDI), Citigroup (NYSE:C), Intesa Sanpaolo (BIT:ISP) et BNP Paribas (EPA:BNPP)", note le directeur des investissements de Schroders.
Comme l'explique M. Arnold, l'environnement de taux zéro a contraint bon nombre de ces banques à se restructurer et, après une décennie de réduction des coûts, elles sont aujourd'hui beaucoup plus efficaces qu'avant la crise. Maintenant que les taux d'intérêt ont augmenté, elles bénéficient d'un effet de levier opérationnel et financier dans lequel l'augmentation des revenus a un impact direct sur la rentabilité.
"Le marché reste préoccupé par le fait qu'une détérioration des conditions économiques conduira à des pertes sur prêts qui éroderont ces bénéfices. Bien que cette inquiétude soit fondée, les banques que nous détenons ont des niveaux élevés de fonds propres de catégorie 1. Nombre d'entre elles ont également constitué d'importantes provisions à la suite de la pandémie de grippe aviaire de 19 ans. Ces provisions n'ont pas été utilisées et elles peuvent les utiliser si nécessaire", explique-t-il.
"Certaines banques restituent également des liquidités aux actionnaires, soit par des programmes de rachat d'actions, soit par des dividendes, soit par les deux. Nous y sommes favorables, tant que les bilans restent solides", conclut-il.