PARIS/LONDRES (Reuters) - Les Bourses européennes ont terminé dans le vert mardi, avec l'indice paneuropéen EuroFirst 300 à son plus haut niveau en sept ans, soutenues par un ralentissement moins sévère que redouté de la croissance en Chine, qui conforte une tendance à la hausse alimentée par la perspective d'un assouplissement de la politique monétaire de la Banque centrale européenne (BCE) jeudi.
La Chine a enregistré en 2014 une croissance de 7,4%, la plus faible depuis 1990 et légèrement moins que l'objectif de 7,5% fixé par les autorités. La croissance du seul quatrième trimestre a toutefois été un peu meilleure que prévu (7,3% contre 7,2%) et, surtout, la production industrielle et les ventes au détail ont été supérieures aux attentes des économistes.
À Paris, l'indice CAC 40 a terminé en hausse de 1,16% à 4.446,02 points. Le Footsie britannique a pris 0,52% et le Dax allemand 0,14%, freiné par SAP, tandis que l'indice EuroStoxx 50 a gagné 0,75% et le FTSEurofirst 300 a progressé de 0,84% à points à 1.421,70 points, son plus haut niveau de clôture depuis mi-janvier 2008.
A la clôture en Europe, les grands indices américains perdaient 0,6 à 0,8%, avec le secteur de l'énergie affecté par une nouvelle chute du pétrole.
En Europe, les produits de base et les bancaires ont mené la hausse, avec des gains respectifs de 2,29% et 1,5% pour les deux indices. Les banques coopératives italiennes ont bondi pour la deuxième séance consécutive dans la perspective d'une réforme qui favoriserait une consolidation du secteur.
Seuls le secteur technologique (-0,37%) et celui des boissons et de l'alimentation (-0,11%) ont reculé. SAP a plombé le secteur technologique avec une baisse de 4,6%. Le leader européen des logiciels a abaissé son objectif de bénéfice d'exploitation pour 2017 en raison des coûts de développement dans les services dématérialisés (cloud).
Les Bourses européennes ont surtout profité de la conviction des investisseurs que la BCE annoncera jeudi un vaste programme de rachats de dettes souveraines pour soutenir l'activité dans la zone euro.
Cette anticipation nourrit depuis plusieurs semaines la hausse des marchés d'actions et la faiblesse de l'euro, qui s'échange autour de 1,1578 dollar. Le dollar gagne 1%, retrouvant son niveau d'il y a une semaine face au yen.
Le Fonds monétaire international (FMI) a abaissé ses prévisions pour l'économie mondiale en 2015 et 2016, estimant que la chute du pétrole ne compensera pas la faiblesse de l'investissement sur fond de pessimisme accru sur l'évolution de la croissance potentielle de nombreux pays.
"Le bon côté du ralentissement de la croissance mondiale est qu'il est désormais très peu probable que la Réserve fédérale relève ses taux d'intérêt à la mi-année", dit Paul Nolte, gérant chez Kingsview Asset Management à Chicago.
Des doutes demeurent toutefois sur l'ampleur et les modalités du programme que s'apprêterait à lancer la BCE. Cela conduit les investisseurs à se positionner sur les valeurs refuges comme l'or, qui a brièvement retrouvé ses niveaux de début septembre en cours de séance, à 1.294,18 dollars l'once.
Malgré les chiffres de la croissance chinoise, les cours du pétrole n'ont toujours pas rebondi, dans un contexte persistant de surabondance de l'offre. Le Brent de la mer du Nord se traite à 48,50 dollars le baril.
Sur le marché obligataire, les rendements espagnols se sont maintenus juste au-dessus de leurs plus bas niveaux, après une adjudication par Madrid de neuf milliards d'euros d'un nouveau titre à 10 ans, profitant de la forte demande qui s'appuie sur les spéculations d'assouplissement quantitatif de la BCE. Les rendements des autres obligations souveraines européennes sont stables ou en légère hausse mais restent tous près de leurs plus bas historiques, à l''exception des rendements grecs, en hausse de 31 points de base à 9,76%, dans l'incertitude sur l'issue des élections législatives anticipées de dimanche.
Contre la tendance, Unilever a cédé 0,58% après l'annonce d'une croissance du chiffre d'affaires inférieure aux attentes.
Philips a pris en revanche 2,61% en raison d'informations de presse évoquant l'intérêt de fonds investissement pour sa division éclairage.
(Juliette Rouillon pour le service français, édité par Véronique Tison)