Ce qu’il faut retenir
►Le marché a encore progressé la semaine dernière, soutenu par le scénario d’atterrissage en douceur de l’économie mondiale. En plus de l’accélération des baisses de taux de la BCE, les risques baissiers pour l’économie mondiale ont reculé avec des chiffres de consommation américaine toujours très solide et les premiers signes de stabilisation de la croissance chinoise. D’autant que les prix du pétrole sont repassés sous les 75 dollars par baril malgré les tensions toujours élevées au Moyen-Orient.
►Cela dit, les incertitudes politiques reste élevées. Bien sûr, cela vient principalement des élections américaines de début novembre qui restent indécises. Mais aussi d’ici là, les négociations des budgets français et du Royaume-Uni, les élections au Japon et les annonces du Congrès du peuple en Chine pourraient créer de la volatilité. Sans parler des incertitudes géopolitiques. Dans ce contexte, les réunions du FMI et de la Banque Mondiale qui se tiennent cette semaine semblent moins importantes pour fixer les perspectives politiques globales que par le passé.
►Le PIB chinois a bien ralenti au T3, de 4,7% à 4,6%, ce qui renforce notre idée que la croissance chinoise aura du mal à atteindre la cible de 5% des autorités cette année. Cela dit, l’activité rebondit un peu en septembre et les politiques économiques continuent d’être assouplies plus rapidement qu’attendu depuis un mois (avec une baisse de 25pb du taux pour les crédits immobiliers ce matin).
►Cela permet d’anticiper un rebond cyclique de la croissance au tournant de l’année et limite le risque qu’un accident en Chine pourrait impacter la dynamique mondiale. Cela dit, les perspectives de long terme pour l’économie chinoise restent limitées à cause des faiblesses structurelles, comme le montrent les pressions déflationnistes toujours importantes et la poursuite de l’ajustement de l’immobilier.
►Contrairement à la Chine et aux principales banques centrales, la Banque du Japon devrait continuer de resserrer graduellement sa politique monétaire. Si l’inflation a ralenti de 3 à 2,5% en septembre, cela vient de la baisse de la facture énergétique des ménages. L’inflation sous-jacente augmente en réalité et reste au-dessus de la cible de 2% à 2,1%. Surtout, la dynamique des salaires reste bien orientée et le principal syndicat demanderait encore des hausses de salaires de 5% pour l’année prochaine. Cela renforce la confiance dans le fait que le Japon soit sorti de la déflation et qu’il puisse augmenter ses taux qui restent bien en dessous de leur niveau d’équilibre. Nous pensons que la BoJ pourrait remonter ses taux à 0,5% en décembre, un niveau que le marché n’anticipe que pour le milieu de l’année prochaine.
►Cette semaine, en plus des nombreux résultats d’entreprise, nous suivrons de près la publication des PMI avancés d’octobre jeudi car ils aideront à juger de la dynamique de croissance en Zone Euro après un été difficile. Côté américain, la publication du Beige Book de la Fed mercredi sera important pour les membres de la Fed. Ce recueil de jugements qualitatif suggérait une économie moins solide que ne l’indiquaient les données d’activité cet été lors des dernières publications, ce qui a sûrement participé à pousser la Fed à être plus accommodante. C’est important alors que notre anticipation d’une baisse de taux de la Fed de 25pb en novembre est devenue le scénario central du marché, mais que le risque que la Fed attende décembre pour baisser ses taux augmente.
Pour aller plus loin
Chine : la croissance ralentit encore au T3, comme attendu
Le PIB chinois a ralenti de 4,7% à 4,6% au 3ème trimestre, confirmant qu’atteindre la cible de 5% de croissance cette année sera difficile.
La croissance est légèrement moins faible qu’attendue au T3 (le consensus prévoyait 4,5%), mais cela fait suite à une croissance plus faible qu’initialement estimée dans les trimestres précédents. En effet, le PIB chinois croit de 0,9% au T3 après une croissance revue à la baisse de 0,7% à 0,5% au T2.
Au total, la croissance depuis le début de l’année passe sous la cible des autorités, à 4,8% après 5,0% au 1er semestre. Même avec le rebond assez net de la croissance que nous anticipons pour les prochains mois, nous pensons que la croissance chinoise sera un peu en dessous de la cible cette année.
Chine : l’activité se reprend un peu en septembre
Cela dit, les données d’activité de septembre indiquent un léger rebond de l’activité à la fin du troisième trimestre, aidé par les premières mesures de soutien des autorités.
La production industrielle rebondit fortement en septembre, de 4,5% à 5,4% en glissement annuel. Elle bénéfice des récentes mesures politiques visant à soutenir la reprise des automobiles, des appareils électroménagers, et des équipements des entreprises, ce qui compense l’affaiblissement de la demande extérieure. L’activité se reprend aussi un peu dans le secteur des services, passant de 4,6% à 5,1%.
Côté demande, les ventes au détail se reprennent un peu en septembre, progressant de 3,2% après 2,1% en août. Cela reste faible mais est tout de même leur plus forte hausse depuis 4 mois. L’investissement accélère aussi un peu, à 3,4% depuis le début de l’année, tiré par la reprise de l’investissement en infrastructure (i.e. le soutien des autorités) alors que l’investissement industriel résiste toujours. En revanche l’investissement immobilier continue de se contracter de plus de 10% en glissement annuel.
Chine : les autorités renforcent fortement le soutien au crédit
Associé au renforcement des stimuli des autorités depuis mi-septembre, cela devrait permettre un rebond de l’activité dans les prochains mois.
Après la baisse des taux régulés de la banque centrale et du taux de réserve obligatoire, les banques chinoises ont baissé les taux de référence pour les crédits de façon plus marquée qu’attendu ce matin. Le taux de crédit référence à un an, qui sert au pricing des crédits aux entreprises, baisse de 15pb à 3,1%. Le taux de crédit référence à cinq ans, qui sert au pricing des crédits immobiliers, baisse quant à lui de 25pb à 3,6%.
Ces taux fixés par les grandes banques publiques sont considérés de facto comme les taux directeurs qui se transmettent à l’économie réelle, ce qui traduit le soutien à la croissance des autorités à l’économie. Cela dit, l’assouplissement des conditions financières est un élément nécessaire mais pas suffisant pour soutenir l’activité domestique dans un contexte déflationniste et de désendettement des ménages et des gouvernements locaux. Il doit être complété par des mesures fiscales pour relancer directement la demande, d’où l’importance des mesures que doit annoncer le Congrès du Peuple dans les prochains jours.
Chine : Les pressions déflationnistes restent importantes
Les problèmes structurels chinois restent bien présents, comme le montre la persistance des pressions déflationnistes. La baisse des prix reflète l’insuffisance de la demande par rapport à l’offre, mais elle la renforce aussi car elle augmente le coût réel de la dette et l’attentisme.
En effet, le déflateur du PIB (i.e. le niveau des prix dans le PIB) baisse au 3ème trimestre pour le sixième trimestre consécutif, de 0,6% en glissement annuel. Et contrairement à l’activité, il n’y a pas d’amélioration au cours du trimestre. L’inflation sous-jacente ralentit en septembre à seulement 0,1%, soit son plus bas niveau en dehors des périodes de confinements, et les prix à la production rechutent de 2,8%.
Chine : le marché immobilier ne montre toujours pas de signe de stabilisation
Le secteur immobilier continue de se contracter fortement, ce qui montre bien que les autorités doivent en faire davantage si elles souhaitent stabiliser le secteur, comme l’a annoncé le Politburo en septembre.
Les prix immobiliers baissent encore davantage en septembre. D’après les statistiques officielles, les prix des logements neufs dans les villes baissent de 0,7% sur le mois et de 5,7% sur un an et le prix des logements anciens baissent de 0,9% sur le mois et de 9% sur un an.
Associé à la poursuite de la baisse des ventes, cela renforce la pression sur les finances des promoteurs et ne les poussent pas à lancer de nouveaux chantiers. Dans ce contexte, l’investissement immobilier continue de baisser à plus de 10% en septembre.
Japon : l’inflation sous-jacente reste au-dessus de la cible
Retrouvez le décryptage marché LBP AM du 21 octobre 2024, signé Xavier Chapard. Lire la suite