par Catherine Mallebay-Vacqueur
PARIS (Reuters) - La proportion de femmes ingénieures et techniciennes dans le secteur automobile dépasse rarement 20% et il reste nécessaire de combattre auprès des jeunes filles les stéréotypes et leur méconnaissance de l'industrie, estime la présidente et fondatrice de l'association "Elles bougent".
"Lorsque j'ai créé Elles bougent en 2005, dont l'objectif est de faire découvrir les métiers d'ingénieurs aux adolescentes, 10% des jeunes diplômés recrutés dans l'automobile étaient des femmes, contre 20 à 25% aujourd'hui", déclare à Reuters Marie-Sophie Pawlak, elle-même ingénieure de formation, à l'occasion du Mondial de l'auto, qui ouvre ses portes au grand public ce jeudi.
"La mixité progresse doucement mais sûrement, et davantage dans les grands groupes, qui ont les moyens de faire connaître leur politique en la matière, que dans les PME", précise-t-elle.
Dans le cadre de diverses manifestations, les quelque 4.400 "marraines" de l'association, ingénieures en poste, dont plus de 450 travaillent dans l'automobile, témoignent auprès des jeunes filles de la réalité de leur métier, avec l'ambition de susciter des vocations.
Avec le soutien actif de grands groupes industriels dans des secteurs comme l'automobile, l'énergie, la défense, l'aérospatiale ou encore le BTP, mais aussi d'écoles d'ingénieurs et de lycées, l'association veut les convaincre par l'exemple que des métiers dits masculins leur sont ouverts.
Pour la cinquième fois consécutive, Elles bougent emmène donc ce jeudi 150 lycéennes et collégiennes au Mondial de l'auto, à la découverte d'un secteur demandeur de talents féminins. La journée s'achèvera par une soirée conférence Mondial Women.
Parmi ses partenaires figurent notamment Renault (PA:RENA), Valeo (PA:VLOF), Faurecia (PA:EPED), Alten et Plastic Omnium (PA:PLOF).
ORIENTATION EN TERMINALE
"En terminale, au moment de leur orientation, les jeunes filles ne pensent pas aux métiers de l'automobile, à des secteurs dits masculins", relève Marie-Sophie Pawlak, par méconnaissance et en raison des stéréotypes induits par l'univers familial et sociétal.
Une réalité que reflètent les chiffres du ministère de l'Education nationale.
En 2017-2018, si 55% des étudiants de l'enseignement supérieur sont des femmes, elles ne sont que 40,4% dans les formations scientifiques et ne représentent que 27,1% des effectifs des formations d'ingénieurs.
Dans ces dernières, leur nombre progresse (+4,8% en 2017-2018) mais cette proportion reste relativement stable d'une année sur l'autre, le nombre des étudiants en ingénierie augmentant parallèlement(+4,1%). La part des filles reste également très variable selon le type d'école.
Avec 16,4% de femmes, l'Ensam (Ecole nationale d'arts et métiers) demeure ainsi l'une des écoles les moins féminisées, selon le ministère de l'Education nationale. Depuis une dizaine d'années, l'école a fait de la promotion des sciences et de la technologie auprès des jeunes filles une priorité.
Juliette, 21 ans, a intégré l'Ensam Bordeaux cette année, après trois ans de classes préparatoires. "Nous sommes valorisées et très sensibilisées à l'importance de la mixité, à la fois par l'administration et par les entreprises", explique-t-elle, précisant que sa promotion de 150 élèves compte une vingtaine de filles. "Je me destinais plutôt au BTP, mais je découvre d'autres voies possibles. Je ne ferme aucune porte", dit-elle.
(Catherine Mallebay-Vacqueur pour le service français, édité par Bertrand Boucey)