Repartie de l'avant après un accès de doute, Wall Street entre dans la saison des fêtes de fin d'année en espérant que l'appétit des consommateurs justifiera sa sérénité devant la perspective de taux d'intérêt légèrement relevés.
Lors de la semaine écoulée, l'indice vedette Dow Jones Industrial Average a gagné 3,35% à 17.823,81 points et le Nasdaq, à dominante technologique, 3,59% à 5.104,92 points.
Particulièrement surveillé par les investisseurs, l'indice élargi S&P 500 a pris 3,27% à 2.089,17 points.
Les indices ont ainsi effacé l'essentiel des lourdes pertes de la semaine précédente.
"Je ne suis pas sûr de comprendre pourquoi nous sommes plus optimistes", a avoué Chris Low, de FTN Financial, estimant que le niveau plancher des matières premières d'une part, et la médiocrité des résultats d'entreprises du troisième trimestre, d'autre part, devraient plutôt porter à la frilosité, tout comme la perspective d'une hausse des taux d'intérêt par la Réserve fédérale le mois prochain.
Celle-ci ne semble plus faire de doute pour la plupart des économistes, surtout depuis la publication mercredi des minutes de la Fed, et de nouvelles déclarations de responsables de la banque centrale.
Mais "le marché commence enfin à regarder au-delà de la question +montera, montera pas+, et vers le rythme du resserrement monétaire", a noté M. Low.
"S'il est extrêmement lent, ce qui semble devoir être le cas, cela devrait être favorable à l'économie et aux résultats d'entreprises", a-t-il ajouté.
"La confiance est revenue" dans les milieux économiques, veut croire pour sa part Gregori Volokhine, chez Meeschaert New York.
Cela s'est vérifié à la fois dans les grandes opérations de fusion annoncées ces derniers jours, dans l'hôtellerie entre Marriott (O:MAR) et Starwood, ou dans l'industrie entre Air Liquide (PA:AIRP) et Air Gas, et dans les entrées en Bourse réussies de la société de paiement mobile Square (N:SQ) et du groupe internet spécialisé dans les sites de rencontre Match.com.
Ces deux valeurs ont bondi lors de leur première journée de cotation jeudi, après s'être montrées plutôt modestes dans leur mises à prix, inférieure à la fourchette annoncée pour Square, et dans le bas de la fourchette pour Match.com.
- Semaine tronquée -
La semaine à venir sera tronquée par la fête très respectée d'action de grâce (Thanksgiving) jeudi, qui devrait très fortement réduire les volumes d'échanges dès mercredi, et encore vendredi, au risque de laisser apparaître des mouvements d'une amplitude trompeuse.
Si courte soit-elle, elle sera l'occasion de découvrir des indicateurs très suivis, à commencer par des chiffres sur le marché immobilier, avec les statistiques sur les ventes de logements existants.
"Pour beaucoup d'entre nous, l'immobilier et la consommation sont les points forts de l'économie, mais c'est inquiétant si c'est inégal, donc je regarderai ça de près", a dit Tom Cahill, chez Ventura Wealth Management.
Puis viendra la deuxième estimation du produit intérieur brut du troisième trimestre, mardi, dont la croissance devrait être révisée en hausse.
"Mais ce sera surtout dû aux stocks des entreprises (...) ce qui pourrait être de mauvais augure pour la production à venir", a prévenu M. Low.
Mercredi viendront des chiffres sur les dépenses et les revenus des ménages, ainsi que le deuxième indicateur de la semaine sur la confiance des consommateurs, où beaucoup essaieront de déceler la tendance de la saison des achats de fin d'année.
A cet égard, c'est la journée de vendredi, dite "Black Friday", marquée dans beaucoup de foyers américains par une frénésie d'achats encouragée par une multitude d'offre promotionnelles au lendemain du repas de dinde de Thanksgiving, qui donnera le ton.
Selon l'institut Gallup, les Américains prévoient de dépenser près de 830 dollars par personne pour leurs cadeaux de Noël, soit la somme la plus élevée depuis 2007, et une progression de 15,28% par rapport aux intentions affichées il y a un an.
"On est suspendu à cela", a dit M. Volokhine. "On espère qu'on va commencer à voir des commentaires plus positifs de la plupart des commerçants, alors que pour le moment on a des signes pour la consommation pas très encourageants", a-t-il précisé.