par Agnieszka Flak et Valentina Za
BALOCCO, Italie (Reuters) - Sergio Marchionne a exposé vendredi son dernier plan stratégique en tant qu'administrateur délégué de Fiat Chrysler Automobiles (NYSE:FCAU) (FCA) en mettant l'accent sur les SUV et les véhicules électriques et hybrides, 14 ans jour pour jour après son arrivée à la tête du constructeur.
Sergio Marchionne, qui, à 65 ans, quittera ses fonctions en début d'année prochaine, a également réaffirmé la nécessité pour le constructeur italo-américain de poursuivre sur la voie de voitures plus propres et plus intelligentes et a présenté une feuille de route pour les marques Jeep, RAM, Alfa et Maserati.
"Ces marques génèrent la partie la plus importante de notre chiffre d'affaires et de nos bénéfices", a-t-il dit, ajoutant que le groupe générerait un flux de trésorerie positif d'ici fin juin.
Sergio Marchionne, qui a sauvé le groupe de la faillite et multiplié par 11 la valeur de Fiat, a déclaré que cette situation ouvrait des opportunités d'investissement et la possibilité de récompenser les actionnaires.
FCA a également dévoilé des objectifs ambitieux pour sa marque Jeep sur laquelle le groupe dégage de fortes marges.
Le constructeur estime qu'un SUV sur 12 vendus à travers le monde d'ici 2022 sera une Jeep mais il n'a pas donné d'objectifs de ventes précis.
HYBRIDES ET ÉLECTRIQUES
Jeep va lancer neuf nouveaux modèles, faire son entrée sur trois nouveaux segments, dont celui des grands SUV, et proposer quatre versions électriques d'ici 2022. La marque a également annoncé qu'elle allait cesser de vendre des véhicules diesel en Europe.
FCA vise jusqu'à 30% d'augmentation des ventes mondiales de sa filiale de pickups RAM pour en faire ainsi la deuxième marque de véhicules commerciaux en Amérique du Nord.
Maserati va lancer des véhicules hybrides et entièrement électriques, équipés de moteurs Ferrari (NYSE:RACE), afin de concurrencer Tesla (NASDAQ:TSLA) et Porsche, tandis qu'Alfa Romeo se dotera de composants hybrides et électriques d'ici 2022.
FCA a dit vouloir vendre 400.000 Alfa Romeo en 2022, contre 170.000 prévues cette année. Le groupe voulait atteindre cet objectif cette année mais des problèmes technologiques et de design ne l'ont pas permis et la marque n'est toujours pas rentable.
Sergio Marchionne, qui avait pour l'occasion troqué son habituel pullover pour une cravate, a dit que FCA était résolu à développer des voitures hybrides et électriques afin de s'assurer que le septième constructeur automobile mondial continuait à respecter la réglementation en matière d'émissions polluantes.
FCA a adapté certaines de ses usines américaines afin d'augmenter la production des très rentables SUV et camions aux dépens des berlines.
Le groupe est en passe de réaliser, voire de dépasser tous les objectifs financiers fixés dans le dernier plan stratégique en 2014.
MARGES EN EUROPE
Ce plan a permis à FCA d'effacer l'écart de marge avec ses concurrents américains GM et Ford (NYSE:F) et c'est désormais l'Europe qui est dans la ligne de mire des investisseurs.
"Un exercice similaire crédible pour la région EMEA (Europe , Moyen-Orient, Afrique) donnera aux investisseurs confiance dans les objectifs de la région", estime George Galliers, analyste chez Evercore ISI.
La marge d'exploitation du groupe en Europe s'est rétablie à 3,2% en 2017, à comparer à une marge mondiale de 7,3% pour PSA (PA:PEUP), qui opère principalement en Europe.
FCA devrait continuer à adapter certaines de ses usines italiennes aux Alfa Romeo, aux Jeep et aux Maserati, tandis que les modèles de production en série seront réservés à certains marchés, abandonnés ou fabriqués ailleurs.
Sergio Marchionne ne devait pas faire de grandes annonces au cours de ce vendredi dédié à la présentation de sa stratégie. Il pourrait néanmoins préciser les détails de la scission de l'équipementier Magneti Marelli et du partenariat noué avec Waymo, la filiale d'Alphabet spécialisée dans les véhicules autonomes.
Sergio Marchionne a repoussé l'idée d'une scission de Maserati ou d'Alfa Romeo, mais de nombreux analystes pensent que ce n'est qu'une question de temps.
"Les scissions des ces marques haut de gamme sont l'un des sujets les plus discutés actuellement", relève Michele Pedroni, gestionnaire de fonds chez Decalia Asset Management.
(Catherine Mallebay-Vacqueur pour le service français, édité par Bertrand Boucey)