Le président de la banque centrale américaine (Fed), Ben Bernanke, a noté mercredi une amélioration de la demande qui devrait permettre une croissance économique modérée aux États-Unis, même si celle-ci risque toujours d'être entravée par la persistance d'un chômage élevé.
Les données économiques actuelles "laissent penser que la hausse de la demande finale sera suffisante pour assurer une reprise économique modérée dans les trimestres à venir", a déclaré M. Bernanke devant la Commission économique mixte du Congrès.
La force de la reprise entamée à l'été 2009 a été due pour beaucoup aux effets comptables des ajustements des stocks des entreprises, a rappelé M. Bernanke.
La patron de la Fed faisait référence au fait que le simple ralentissement des déstockages avait assuré plus des deux tiers de la croissance économique de 5,6% en rythme annuel relevée au quatrième trimestre.
La première estimation officielle du PIB américain du premier trimestre doit être publiée le 30 avril. Les économistes estiment dans l'ensemble que la croissance s'est située aux alentours de 2,5 à 3%.
Publié mercredi, le Livre beige, rapport de conjoncture de la Fed, a noté une légère amélioration de l'activité en mars.
Pour M. Bernanke, la progression des dépenses des Américains observée depuis le début de l'année est encourageante. Or la consommation est normalement le moteur de la croissance du pays.
Les chiffres de ventes de détails publiés par le département du Commerce sont venus corroborer les propos de M. Bernanke. Celles-ci ont augmenté en mars pour le troisième mois d'affilée, de 1,6% par rapport à février, soit bien plus que ne le prévoyaient les analystes.
"Les ménages dépensent de nouveau à un rythme étonnamment soutenu", a estimé l'économiste indépendant Joel Naroff.
Pour le patron de la Fed, "la conjoncture financière continue de se renforcer" et "les dépenses d'investissements des entreprise en biens d'équipement et en logiciels semblent avoir progressé à un rythme soutenu au premier trimestre".
Néanmoins, "des facteurs continuent d'entraver fortement le rythme de la croissance", a-t-il rappelé, citant les difficultés persistantes du marché du logement et de la construction, les soucis budgétaires des États fédérés et le maintien attendu d'un chômage élevé pendant plusieurs années.
Abordant les défis posés par le déficit budgétaire américain, qui pourrait dépasser en 2009-2010 le montant inouï de 1.415 milliards de dollars atteint lors de l'exercice précédent, M. Bernanke a appelé les élus à prendre des mesures concrètes.
"Il faudra faire des choix difficiles pour s'attaquer aux problèmes budgétaires du pays, mais les repousser n'aura pour seul résultat que de les rendre plus difficiles", a dit M. Bernanke.
Si les États-Unis ne sont pas dans la situation de la Grèce, le risque inhérent au maintien de déficits élevés est de voir les taux d'intérêts monter et menacer la vigueur de la reprise, a-t-il ajouté.
La Fed a abaissé son taux directeur à quasi zéro en décembre 2008 pour réduire au maximum le coût du crédit et stimuler ainsi l'activité économique.
Selon les chiffres officiels publiés mercredi, les prix à la consommation n'ont augmenté en mars que de 0,1% par rapport à février.
M. Bernanke a redit que les risques pesant sur la croissance et l'absence de menaces d'inflation garantissaient toujours le maintien d'un taux directeur extrêmement bas pour longtemps.