par Pascale Denis
PARIS (Reuters) - Pernod Ricard (PA:PERP) a relevé jeudi son objectif de croissance organique du résultat opérationnel courant 2017-2018 après une croissance supérieure aux attentes au premier semestre grâce à son cognac en Chine, à un rebond de ses whiskies indiens et de solides performances du "travel retail".
Le numéro deux mondial des spiritueux, qui a vu ses ventes de cognac Martell et de whisky irlandais Jameson grimper de 12% au premier semestre, table désormais sur une progression de son résultat opérationnel courant (ROC) comprise entre 4% et 6% à taux de change constants, au lieu des 3%-5% prévus auparavant.
Cette révision intervient avant même les cruciales ventes de cognac pour le nouvel an chinois. "C'est une preuve de confiance", a déclaré à Reuters Alexandre Ricard, PDG du groupe.
Mais, comme son concurrent Rémy Cointreau (PA:RCOP), le groupe a révisé en hausse l'impact négatif des taux de changes sur le ROC. D'abord estimé à 125 millions d'euros, il est désormais attendu à 180 millions.
"Le relèvement des prévisions témoigne d'une reprise de la croissance plus rapide que prévu", soulignent les analystes de Jefferies, pour qui l'effet négatif de change devrait être compensé par la croissance organique et des impacts fiscaux favorables.
Ces prévisions ont été saluées par le marché, le titre Pernod Ricard prenant 1,97% à 127,1 euros à 9h45, dans un marché en recul (-0,27% pour le CAC 40 ).
"Les résultats de Pernod Ricard sont en ligne avec les prévisions, mais la croissance organique est plus forte que prévu. La croissance en Asie et les résultats de l'Europe sont une bonne surprise", notent les analystes de Kepler Cheuvreux.
A ces niveaux de cours, la valeur se traite sur des multiples de valorisation de 20,12 fois les bénéfices estimés pour le prochain exercice, contre 19,72 fois pour le britannique Diageo (LON:DGE), leader mondial du secteur et 30,35 fois pour Rémy Cointreau, plus proche des valeurs du luxe par son positionnement très haut de gamme.
Malgré un décalage du calendrier des livraisons de son cognac Martell pour le nouvel an chinois, plus tardif cette année (le 16 février), le groupe a bien résisté en Chine, profitant d'une solide demande pour Martell (+5%) et d'un rebond de son whisky Chivas, dont les ventes ont grimpé de plus de 10%.
Aux Etats-Unis, premier marché du groupe (+3%), une progression à deux chiffres du whisky irlandais Jameson a permis de compenser en partie un nouveau recul de la vodka Absolut.
En Inde, son deuxième marché, Pernod Ricard voit ses ventes semestrielles rebondir de 9% après avoir été pénalisé il y a un an par une nouvelle réglementation sur la vente d'alcool près des grands axes routiers et l'instauration d'une nouvelle taxe.
Le résultat opérationnel courant (ROC) a atteint 1,50 milliard d'euros - en ligne avec le consensus - au cours des six premiers mois de l'exercice décalé clos le 30 juin, affichant une baisse de 0,3% en données publiés pour cause d'effets de changes négatifs.
A taux de change constants, il progresse de 5,7%, sur un chiffre d'affaires en hausse de 5,1%, après une progression de 4,6% sur le seul deuxième trimestre au lieu des 3,3% attendus.
Grâce à une forte progression du cash flow (+21%), la dette nette est réduite de 476 millions d'euros à 7,38 milliards.
(Pascale Denis, édité par Jean-Michel Bélot)