Le président Vladimir Poutine a tenté jeudi de rassurer les investisseurs, en vantant la "stabilité" de l'économie russe et excluant toute "révision massive" des privatisations en Russie, malgré le pessimisme du gouvernement qui s'alarme d'une situation économique "explosive".
"Les facteurs fondamentaux garantissant notre stabilité sont très forts, très solides", a affirmé M. Poutine devant des investisseurs russes et étrangers à Moscou, lors d'un forum annuel d'investissement intitulé "La Russie appelle".
"En ce qui concerne la petite poussée inflationniste (...), je suis convaincu que ce n'est qu'un phénomène temporaire", a déclaré le président russe.
Depuis le début de l'année, l'UE et les États-Unis ont introduit à des sanctions contre la Russie qu'ils accusent d'être directement impliquée dans le conflit en Ukraine.
Moscou a riposté à ces sanctions en décrétant un embargo sur les importations des produits alimentaires en provenance des pays qui la sanctionnent, une décision qui a aussitôt provoqué une hausse des prix en Russie et une chute du rouble.
La Russie n'envisage aucune "révision massive" des privatisations d'entreprises publiques effectuées dans le pays, a assuré M. Poutine, interrogé sur la récente saisie des actions du pétrolier Bachneft, au coeur d'un scandale visant le milliardaire russe Vladimir Evtouchenkov accusé de blanchiment.
Dans un discours à la tonalité très différente, le ministre de l'Economie Alexeï Oulioukaïev a dénoncé "la situation explosive" de l'économie russe, alors que l'inflation devrait atteindre cette année environ 8% et que la croissance du PIB devrait être inférieure à 1,0%.
Sur fond de ces propos alarmistes, l'indice RTS de la Bourse de Moscou a plongé jeudi sous le seuil symbolique des 1.100 points pour la première fois depuis six mois.
A 10H40 GMT, cet indice libellé en dollars perdait 1,4% à 1.098 points, son niveau le plus bas depuis mars, alors que l'autre indice majeur de la place moscovite, le MICEX, libellé en roubles, cédait lui 1,49%.
- Ne pas répéter les erreurs soviétiques -
La situation économique en Russie d'aujourd'hui ressemble beaucoup à celle de l'URSS, qui faisait face à la fois à des prix du pétrole très élevés et à d'"importants problèmes structurels", a estimé le PDG de la plus grande banque russe, Sberbank, German Gref.
"Nous ne pouvons pas tolérer la même situation", a souligné M. Gref, lors du forum d'investissement à Moscou, en appelant la Russie à ne pas répéter les erreurs de l'Union Soviétique pour ne pas subir le même sort.
"Pourquoi l'Union Soviétique s'est dissoute? Il y a une raison principale qui a déterminé tout le reste: une incompétence frappante des dirigeants soviétiques. Ils n'ont pas respecté les lois du développement économique", a-t-il affirmé.
"Les gens ne peuvent pas créer de produits innovants quand ils ne comprennent pas la politique économique actuelle et le climat d'investissement", a ajouté M. Gref.
Le Fonds monétaire international (FMI) a estimé mercredi que la Russie disposait d'avantages "solides" tels qu'une dette publique très basse et d'importantes réserves, tout en qualifiant de "tristes" les perspectives économiques du pays.
"Les tensions géopolitiques, y compris les sanctions (...) et la peur de leur escalade font augmenter l'incertitude et font baisser la confiance et l'investissement", a indiqué le FMI dans un communiqué.
Selon l'analyste de la société EPPA, Anvar Amirov, le président Poutine "a dit ce que les gens veulent entendre, que tout n'est pas si mauvais".
"Pour M. Poutine, la stabilité politique est très importante, et il ne peut pas la mettre en danger, quoi qu'il pense en réalité", a déclaré M. Anvarov à l'AFP.