par Ori Lewis et Jeffrey Heller
JERUSALEM (Reuters) - Un Palestinien armé a attaqué dimanche la gare routière de Beersheba, dans le sud d'Israël, tuant un militaire et blessant onze autres personnes, rapporte la police.
Il s'agit d'un des épisodes les plus violents de la vague de violence qui secoue Israël et les territoires occupés depuis le début du mois d'octobre.
L'assaillant, identifié par les médias palestiniens comme étant Assam al Araj, originaire de Chouafat, dans la banlieue de Jérusalem, a été abattu après de longs échanges de coups de feu.
Plusieurs policiers figurent parmi les onze blessés, dont deux sont dans un état critique selon des sources médicales.
D'après les premières informations, les assaillants étaient au nombre de deux mais le chef de la police régionale israélienne Yoram Halévy a déclaré par la suite que l'enquête avait conclu à l'action d'un seul homme.
Ce dernier a pénétré dans la gare routière, abattu un militaire à l'aide d'une arme de poing avant de lui prendre son fusil d'assaut, dont il s'est servi pour tirer sur ses autres victimes, a expliqué Yoram Halévy.
Les islamistes du Hamas, qui contrôlent la bande de Gaza, ont qualifié l'attaque de Beersheba de "réaction naturelle aux exécutions de Palestiniens par Israël".
Depuis deux semaines, 42 Palestiniens et sept Israéliens sont morts dans des heurts et des agressions en Cisjordanie, à Jérusalem-Est, à la frontière entre la bande de Gaza et l'Etat hébreu ainsi que dans des villes israéliennes.
Deux des agresseurs qui ont attaqué des Israéliens depuis le début du mois étaient des Arabes israéliens, les autres des Palestiniens de Cisjordanie et de Jérusalem-Est.
Israël a construit dimanche à Jérusalem-Est un mur de béton sur une courte portion de rue séparant le quartier palestinien de Djabel Moukabar d'un quartier juif voisin.
La police a justifié l'installation de ce mur de dix mètres par la flambée de violence, afin d'éviter notamment des jets de cocktails incendiaires ou d'autres projectiles sur les appartements juifs. Elle a assuré que cette mesure était temporaire.
DES EMPLOYÉS ARABES INTERDITS DE FACTO DANS LES ÉCOLES
Quatre municipalités israéliennes, dont celle de la capitale économique Tel Aviv, ont par ailleurs annoncé que les employés chargés de l'entretien et du nettoyage, dont beaucoup sont arabes, n'étaient plus autorisés à travailler dans les écoles.
Le ministère israélien de l'Intérieur a appelé "tous les maires à continuer d'agir avec respect et équité à l'égard de tous les travailleurs, quels que soient leur religion, leur ethnie ou leur sexe". Il ne demande cependant pas l'annulation des mesures prises.
Dov Khenin, député de la Liste arabe unifiée à la Knesset, le Parlement israélien, a dénoncé "des mesures dangereuses d'exclusion raciste".
Invoquant les problèmes de sécurité, les municipalités de Tel Aviv, Rehovot et Hod Hasharon ont annoncé sur leurs sites internet que les employés d'entretien ou de nettoyage, dont beaucoup sont arabes, ne seraient plus autorisés à entrer dans les écoles.
Les communiqués évitent toutefois d'utiliser le mot "arabe" et des responsables soulignent que la mesure s'applique à tous les employés concernés, juifs compris.
Une autre ville, Modiin-Maccabim-Reut, à mi-chemin entre Tel Aviv et Jérusalem, a annoncé que les "membres de la minorité" - terme désignant les Arabes israéliens qui représentent 20% de la population - ne pourraient plus travailler dans les écoles.
Réuni en conseil des ministres, le gouvernement israélien a également élargi dimanche les pouvoirs de contrôle de la police dans la rue.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu doit rencontrer cette semaine le secrétaire d'Etat américain John Kerry, dans le cadre des efforts déployés par Washington, principal allié d'Israël, pour rétablir le calme dans la région. John Kerry a également prévu de rencontrer le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas.
(Guy Kerivel et Jean-Stéphane Brosse pour le service français)