Le moral des industriels français s'est amélioré en août, selon des données publiées jeudi, mais pas au point de faire repartir les investissements, l'un des principaux points noirs de l'économie française.
En août, l'indicateur mensuel sur le climat des affaires dans l'industrie manufacturière a gagné trois points pour atteindre 98 points, selon l'Institut national de la statistique et des études économiques.
Il est en constante progression depuis le mois de mai, et "à son plus haut niveau depuis deux ans", souligne dans une note Julien Manceaux, économiste chez ING.
Cet indicateur, calculé à partir d'un sondage auprès de quelque 4.000 entreprises, est désormais proche du seuil significatif de 100 points, qui est son niveau moyen depuis 1976.
Les industriels sont à la fois plus satisfaits qu'en juillet de leur activité passée, et globalement plus optimistes sur celle à venir. En effet "les carnets de commandes globaux et étrangers se sont améliorés", relève l'Insee dans un communiqué.
Tous secteurs confondus, c'est-à-dire en rassemblant l'industrie, les services, le commerce de détail et le bâtiment, le moral des entrepreneurs s'est également amélioré en août, de 3 points sur un mois pour s'établir à 90 points, selon un autre communiqué de l'Insee.
Ce regain de confiance ne semble toutefois pas encore suffisant pour relancer les investissements dans l'industrie, l'un des principaux points noirs de l'économie française.
En effet, selon une enquête réalisée chaque trimestre par l'Insee et également publiée jeudi, les industriels interrogés en juillet dernier s'attendaient à un recul de 6% de leurs investissements en 2013.
"Trop tôt pour parler de reprise"
En avril, lors de la précédente enquête, ils tablaient encore sur un recul moins prononcé, de 4% par rapport à 2012.
En cause principalement dans cette dégradation, qui concerne tous les secteurs: une glissade annoncée de 25% des investissements dans l'industrie automobile, à en croire cette enquête.
Selon les économistes, un rebond des investissements reste incontournable pour engager une reprise durable en France, au-delà de la bonne surprise qu'avait été l'annonce d'une croissance de 0,5% du produit intérieur brut pour le deuxième trimestre. Ce chiffre était dû essentiellement à la bonne tenue de la consommation des ménages.
"Dans l'ensemble, les perspectives de l'industrie (française) se sont un peu améliorées cet été mais il est trop tôt pour parler de reprise. Il va falloir du temps pour utiliser à plein les capacités de production, sans même parler d'investir", souligne Julien Manceaux.
Analyse similaire pour Philippe Waechter, directeur de la recherche économique de Natixis Asset Management.
"Il existe une dynamique de reprise qui s'inscrit dans une tendance européenne, mais aussi une autre problématique, qui est celle de l'inscription dans la durée. Et c'est là qu'il y a un décalage, qu'il n'y a pas encore eu de basculement" entre meilleur moral et décision concrète d'investir, explique-t-il à l'AFP.
Il relève par ailleurs que l'indicateur mensuel de l'Insee a un mois d'avance sur son enquête concernant les investissements, qui a elle été bouclée en juillet.
"Les chefs d'entreprise observent que cela va mieux mais ils ne sont pas encore totalement rassurés", juge M. Waechter. Pour lui, les industriels s'inquiètent notamment du cadre fiscal et légal de leurs futurs investissements.