Wall Street a fortement reculé jeudi, trébuchant sur une série d'indicateurs relançant les spéculations quant à un durcissement imminent de la politique monétaire américaine et sur les prévisions décevantes de Wal-Mart et Cisco: le Dow Jones a cédé 1,47% et le Nasdaq 1,72%.
Selon des résultats définitifs, l'indice vedette Dow Jones Industrial Average a chuté de 225,47 points à 15.112,19 points et le Nasdaq, à dominante technologique, de 63,15 points à 3.606,12 points.
L'indice élargi Standard & Poor's 500 (SP 500) a perdu 1,43% (-24,07 points) à 1.661,32 points.
Sur le marché des actions, "l'état d'esprit des investisseurs est surtout affecté par la déception émanant de Cisco et de Wal-Mart, deux grands noms de la cote", a relevé Michael James, de Wedbush Securities.
Malgré des résultats de bonne tenue, l'équipementier en télécoms a fait part d'une prévision annuelle légèrement en dessous des attentes et a annoncé la suppression de 4.000 emplois, une information très mal reçue par le marché. Le titre a plongé de 7,15% à 24,49 dollars, pesant fortement sur le Dow Jones.
Wal-Mart a quant à lui pris les investisseurs de court avec un abaissement de ses prévisions annuelles à cause de ventes à la traîne (-2,60% à 74,41 dollars).
Les autorités américaines ont pour leur part fait état de données mitigées mais peignant dans l'ensemble le tableau d'une économie "suffisamment solide pour justifier un ralentissement prochain des mesures" de la banque centrale américaine (Fed) destinés à vivifier la croissance, a souligné M. James.
Or, l'aide de l'institution a largement participé depuis le début de l'année à l'embellie des marchés financiers, grâce notamment à l'injection de liquidités via des rachats massifs de bons du Trésor et de titres hypothécaires.
Echaudé par la perspective que la Fed freine bientôt ses achats de bons du Trésor, le marché obligataire a fortement reculé, "ce qui rend les investisseurs très fébriles et participe encore plus au recul" des indices de Wall Street, a remarqué Dan Greenhaus de BTIG.
Les responsables de l'institut monétaire préviennent depuis plusieurs mois qu'ils pourraient mettre un frein à leur aide dès septembre si la croissance est jugée suffisamment vigoureuse.
Les très bonnes données sur l'emploi, particulièrement surveillées par la Fed qui a fait de la baisse du chômage un de ses principaux objectifs, allaient dans ce sens: les inscriptions hebdomadaires au chômage aux Etats-Unis sont tombés à leur plus bas niveau en six ans.
D'autres indicateurs sont ressortis mitigés.
Ainsi l'activité manufacturière dans la région de New York a reculé en août mais moins qu'anticipé par les analystes quand elle progressait dans la région de Philadelphie, mais à un rythme plus lent qu'en juillet.
Parallèlement, la production industrielle des Etats-Unis est restée inchangée en juillet alors que les analystes s'attendaient à une hausse de 0,4%.
Les prix à la consommation en juillet ont quant à eux augmenté de 0,2% dans le pays, conformément aux prévisions.
Parmi les autres valeurs du jour figure la chaîne d'articles de maison et d'habillement Kohl's, dont les résultats trimestriels ont été nettement mieux accueillis que ceux de Wal-Mart: elle a publié un bénéfice conforme aux attentes et ventes en légère hausse. Son titre a grimpé de 5,25% à 53,51 dollars.
Les valeurs bancaires, particulièrement sensibles à l'évolution des mesures de la Fed, ont largement participé au recul des indices: Bank of America a perdu 1,92% à 14,32 dollars, Citigroup 1,42% à 50,86 dollars, JPMorgan 1,59% à 53,29 dollars, Morgan Stanley 1,61% à 26,36 dollars et Goldman Sachs 1,59% à 160,75 dollars.
Le groupe de cosmétiques américain Estée Lauder a en revanche satisfait les investisseurs avec une hausse de 19% de son bénéfice annuel 2012/2013, grâce notamment à ses soins pour la peau (+3,42% à 67,36 dollars).
Sur le marché obligataire, le rendement du bon du Trésor à 10 ans a grimpé à 2,755% contre 2,712% mercredi soir, et celui à 30 ans à 3,792% contre 3,752% la veille.