Les automobilistes lyonnais ont expérimenté vendredi pour la première fois la circulation alternée pour lutter contre la pollution de l'air, mais la mesure ne sera pas reconduite samedi, ni ce week-end à Paris, où elle était en vigueur depuis quatre jours.
La préfecture du Rhône avait décidé mercredi d'appliquer la circulation alternée -une première en province- face à la durée de l'épisode de pollution et "par anticipation" de taux élevés de particules fines dans l'air. Ils se sont finalement avérés inférieurs aux prévisions.
Seuls les véhicules avec une plaque d'immatriculation se terminant par un chiffre impair ont pu circuler à Lyon et Villeurbanne vendredi, à l'exception de ceux qui font du covoiturage ou bénéficient d'une des nombreuses dérogations.
Quant à la capitale, elle a subi le plus long épisode hivernal de pollution depuis au moins dix ans. Mais compte tenu de prévisions plus favorables, la circulation alternée doit être levée à compter de vendredi à minuit à Paris.
Certaines mesures sont maintenues, comme la réduction recommandée de 20 kilomètres/heure sur l’ensemble du réseau routier ou l'interdiction du transit des poids lourds dans le territoire situé à l'intérieur de l'A86.
La météo restant incertaine la semaine prochaine, "il est essentiel que les Franciliens poursuivent leurs efforts en limitant leurs déplacements en voiture et privilégiant le covoiturage", a insisté la préfecture.
Dans le ciel lyonnais, depuis mercredi, le taux de particules fines n'a pas dépassé les 80 microgrammes par mètre cube (µg/m3), alors que les prévisions tablaient sur un taux d'environ 90(µg/m3), ce qui avait conduit la préfecture à introduire la circulation alternée "par anticipation".
Dans le centre de Lyon, où des contrôles sont effectués, la consigne semblait "plutôt bien respectée" selon la police -contrairement à Paris, la veille. Quelques contrevenants toutefois, comme Manuela, les bras chargés de balais, qui gare sa voiture: "Aujourd'hui, j'ai un ménage à Lyon et un à Rillieux-la-Pape (au nord de la ville, NDLR), je ne peux pas les faire en bus", soupire-t-elle.
Les transports en commun lyonnais, perturbés depuis plusieurs jours par une grève, sont restés payants, contrairement à Paris et en Ile-de-France.
- Bouchons 'exceptionnels' à Paris -
Selon la métropole de Lyon, les transports sont la cause de seulement 26% de la pollution actuelle. Plus de la moitié (52%) est due à l'utilisation d'un chauffage individuel au bois par 8% des habitants.
A Paris et dans 22 communes de la petite couronne, les autorités avaient promis d'être plus sévères avec les nombreux contrevenants. En témoignent des bouchons qualifiés d'"exceptionnels" par la Direction des routes d'Ile-de-France: à 09H00, vendredi, on comptait 275 kilomètres d'embouteillages cumulés en Ile-de-France, contre 200 km habituellement un matin de veille de week-end.
Pour "confronter les Parisiens à la réalité" de la pollution automobile et de ses conséquences sur la santé, la mairie a lancé une campagne en ligne pour que "ça s'arrête". Le groupe écologiste a même réclamé un week-end sans voiture dans la capitale.
Selon l'agence Santé publique France, plus de 48.000 décès par an pourraient être attribués aux particules fines.
Cette pollution touche également Grenoble et les zones urbaines des Alpes, la vallée du Rhône, la Seine-Maritime, l'Aube, l'Eure, où des mesures sont également mises en place.
Dans l'agglomération grenobloise, les véhicules immatriculés avant 1997 n'auront pas le droit de circuler ce week-end. Une première depuis l'introduction des vignettes anti-pollution en novembre.
A Chamonix (Haute-Savoie), environ 600 personnes ont manifesté jeudi soir, en marge d'une réunion sur le plan de protection de l'atmosphère (PPA) de la vallée de l'Arve. Une réunion d'urgence doit avoir lieu vendredi à Annecy avec les maires, industriels et transporteurs. Le préfet a promis des annonces.
De leur côté, des élus et associations des vallées alpines ont réclamé "un arrêt temporaire du trafic international de transit des marchandises" et un "report du transport des marchandises vers le rail".
Des mesures de restriction de la circulation ont aussi été prises dans d'autres régions comme les Hauts-de-France ou la Bourgogne-Franche-Comté.