SAVERNE, Bas-Rhin (Reuters) - Cinq adolescents ont été placés en garde à vue après la profanation de plus de 200 tombes au cimetière juif de Sarre-Union (Bas-Rhin) qui a suscité une vive émotion en France, a annoncé le procureur de la République de Saverne.
Philippe Vannier a précisé que les motivations des jeunes gens, âgés de 15 ans et demi à 17 ans, n'étaient pas connues et qu'ils n'avaient pas antécédents judiciaires. Ils ne s'étaient pas non plus fait remarquer pour des opinions quelconques.
"Le seul dont l'audition m'a été transmise se défend de tout antisémitisme et dit qu'ils se seraient rendu compte de ce que certaines des tombes étaient juives au moment de les saccager. Il semble qu'ils considéraient le cimetière comme étant abandonné", a-t-il dit lors d'une conférence de presse.
L'un des adolescents s'est présenté spontanément lundi matin à la brigade de gendarmerie de Sarre-Union pour se dénoncer après avoir été "très impressionné par les proportions que prenait cette affaire", a précisé le procureur.
Les cinq jeunes gens sont originaires de la région, appartiennent à des familles qui ne posent pas de problèmes particuliers et sont scolarisés pour quatre d'entre eux, le cinquième effectuant actuellement un stage professionnel.
Les perquisitions effectuées à leur domicile n'ont rien donné à ce stade de l'enquête.
L'enquête a permis de déterminer que 250 tombes avaient été dégradées sur un total de 400.
"La plupart des dégradations sont des renversements de stèles ou des arrachages de colonnes. Quelques caveaux ont également été ouverts sans qu'il soit porté atteinte aux défunts. Le monument aux victimes de la déportation qui se trouve à l'entrée du cimetière a également été détérioré, a expliqué Philippe Vannier.
Les jeunes gens auraient utilisé leur seule "force musculaire" pour accomplir leur forfait. Les faits auraient été commis jeudi après-midi entre 15h00 et 18h00. Ils n'ont été découverts que dimanche après-midi, le cimetière étant peu fréquenté.
De l'importante communauté israélite qui résidait encore à Sarre-Union au début du siècle dernier ne resteraient que deux familles, selon la municipalité.
Les cinq adolescents sont susceptibles d'être poursuivis pour profanations de sépulture en raison de la religion des défunts et pour dégradations de biens publics, des faits passibles de sept ans de prison.
(Gilbert Reilhac, édité par Gérard Bon)