Le géant sud-coréen Samsung Electronics (KS:005930) a réagi avec méfiance jeudi à la proposition du fonds activiste américain Elliott Management de le scinder en deux mais le titre a clôturé en hausse record, les marchés saluant le projet.
"Nous passerons soigneusement en revue les propositions des actionnaires", a dit le conglomérat dans un communiqué laconique. Les porte-parole se sont refusés à tout autre commentaire.
Elliott, géré par le milliardaire Paul Singer, détient environ 0,62% du capital de Samsung Electronics, le fleuron du conglomérat sud-coréen.
Selon un projet détaillé dévoilé mercredi, Elliott propose de scinder le groupe en deux sociétés indépendantes, de distribuer un dividende exceptionnel de 30.000 milliards de wons (24 milliards d'euros) à ses actionnaires et d'envisager une cotation à Wall Street.
Le fonds veut injecter de la transparence et promouvoir une meilleure gouvernance dans un groupe dont le fonctionnement opaque a souvent été très critiqué. Elliott argue que Samsung, labyrinthe de sociétés cotées et non cotées, avec force participations croisées, est de longue date sous-évalué en Bourse.
L'action a fini jeudi en hausse de 4,45% à la Bourse de Séoul, à un niveau record de clôture de près d'1,7 million de wons.
Cette offensive d'Elliott survient à un moment délicat pour Samsung, qui est en pleine transition générationnelle au sommet et qui mène une opération de rappel planétaire de 2,5 million de ses Galaxy Note 7, pour cause de batteries explosives.
Le groupe a subi mercredi une nouvelle publicité négative. Un Galaxy Note 7, qui d'après la presse était l'un des nouveaux appareils de substitution destinés à remplacer la version initiale des modèles à risque, a commencé à émettre de la fumée à bord d'un avion aux Etats-Unis. Le vol de Southwest Airlines a dû être évacué, selon la compagnie aérienne.
Samsung a expliqué ne pas pouvoir confirmer qu'il s'agissait d'un nouveau Note 7 tant qu'il n'aurait pas mis la main sur l'appareil, et a assuré travailler avec les autorités et Southwest pour le récupérer et confirmer la cause de l'incident.
Sur une note plus positive, Samsung a annoncé jeudi le rachat d'une importante start-up américaine spécialiste de l'intelligence artificielle (IA), fondée par les créateurs de Siri, l'assistant virtuel d'Apple (NASDAQ:AAPL).
Mais c'est l'annonce du fonds américain qui a retenu l'attention des investisseurs.
Ce n'est pas la première fois qu'Elliott se heurte à Samsung. Le fonds américain avait tenté sans succès d'empêcher une fusion entre deux filiales du sud-coréen l'année dernière, faisant valoir que l'opération sous-évaluait délibérément l'entité rachetée.
Le camp anti-fusion avait perdu mais sa campagne virulente avait représenté une révolution en Corée du Sud où les grandes corporations familiales, les fameux "chaebol", sont habituées à manœuvrer sans aucun égard pour l'actionnariat marginal.
Evénement sans précédent, 3.000 petits actionnaires s'étaient réunis pour tenter d'empêcher la fusion.
Le conglomérat Samsung est présent dans des activités diverses allant de l'électronique aux services financiers en passant par l'industrie lourde, l'hôtellerie et les parcs d'attractions.