Par Geoffrey Smith
Investing.com -- Les banques européennes ne peuvent pas faire une pause.
Pendant quelques semaines glorieuses au tournant de l'année, les choses semblaient aller mieux. Mario Draghi, l'architecte des taux d'intérêt négatifs qui tuent les profits, avait quitté la Banque Centrale Européenne, la guerre commerciale entre la Chine et les États-Unis avait été mise en veilleuse et tout le monde attendait avec impatience une année où la politique américaine serait fermement axée sur le maintien de l'expansion à l'approche des élections. Les régulateurs ont même donné leur bénédiction à des plans provisoires de rachat et d'augmentation des dividendes de certaines des plus grandes institutions du continent.
Puis le coronavirus a frappé la Chine, tuant la demande d'importation de tout, des robots industriels aux sacs à main de luxe.
Puis le coronavirus est arrivé en Europe, menaçant de pousser la zone euro dans une nouvelle récession.
La Réserve fédérale a alors procédé à des réduction de taux, et les marchés ont compris que la Banque Centrale Européenne n'était pas en mesure de suivre. Cela a fait grimper l'euro de plus de 4% par rapport au dollar en moins d'un mois, rendant les exportations de la zone euro plus chères au moment même où les États-Unis se préparaient à réduire leurs achats de tout, sauf de masques et de désinfectant pour les mains.
Les risques pour les banques - en supposant qu'aucun changement majeur ne soit apporté à la politique de la zone euro - sont évidents: un effondrement des revenus des banques d'investissement, car toutes les investissements, sauf les plus urgents, sont annulés, et une forte augmentation des problèmes de prêts dans les entreprises du continent. Grâce aux modifications comptables récemment adoptées dans le cadre de l'IFRS 9, elles devront se prémunir contre ces risques beaucoup plus tôt. Les résultats seront donc plutôt sombres au cours du premier semestre de l'année au moins.
Dans le même temps, les revenus d'intérêts se sont encore ressentis de la baisse des rendements obligataires, ce qui a accentué la pression sur les marges. Le rendement des obligations d'État allemandes à 10 ans a baissé pour atteindre vendredi son plus bas niveau historique de -0,74%.
Il n'est pas étonnant que le marché ait perdu plus de 24% dans l'indice Stoxx Banks depuis le début de l'épidémie, envoyant le secteur dans un nouveau marché baissier (si des libellés comme celui-là comptent vraiment pour quelque chose).
Trois des quatre titres les moins performants de l'indice CAC 40 cette semaine ont été le Crédit Agricole (PA:CAGR), BNP Paribas (PA:BNPP) et Société Générale (PA:SOGN), tous en baisse de 11 à 14,5%.
En Italie, la Banco BPM (MI:BAMI), une banque régionale centrée sur la province de Lombardie, frappée par le virus, a chuté de 23%. La Deutsche Bank AG (DE:DBKGn), qui semblait sortir d'un cauchemar de dix ans, a chuté de 34% par rapport à son plus haut niveau de 2020.
Les plus grandes banques espagnoles ont toutes perdu plus de 20% au cours du mois dernier, bien que leur dossier d'investissement n'ait pas été aidé par un arrêté de la Cour Européenne de Justice qui les expose à un risque de litige plus important en raison de la tarification de leurs prêts hypothécaires passés.
La réaction de l'Eurogroupe et de la Banque Centrale Européenne cette semaine a été décevante. La réunion de la BCE de la semaine prochaine se transforme en un défi précoce, inattendu, totalement inopportun et potentiellement impossible pour sa nouvelle présidente, Christine Lagarde.