Par David Wagner
Investing.com – Si les constructeurs automobiles classiques ont figuré parmi les plus grandes victimes de la pandémie de covid-19, les constructeurs de voitures électriques affichent une performance phénoménale depuis le début de l’année, si bien que certains commencent à perler de bulle.
Jusqu'à présent, les fabricants de VE ont été étonnants en 2020. Sur la base des prix de clôture de la semaine dernière, Tesla Inc (NASDAQ:TSLA), Nio (NYSE:NIO) et Nikola Corp (NASDAQ:NKLA) ont augmenté respectivement de 123%, 52% et 520% en 2020.
Faits intéressants, la capitalisation boursière de Nikola a dépassé celle de Ford Motor Company (NYSE:F), tandis que celle de Tesla a dépassé celle de Toyota (T:7203) la semaine dernière. La capitalisation boursière de Tesla avait déjà dépassé un jalon important au début de l’année en dépassant la capitalisation de Volkswagen (DE:VOWG_p).
Or, bien la capitalisation boursière des fabricants de véhicule électrique dépasse désormais celle des constructeurs automobiles traditionnels, les deux types de constructeurs affichent des profils financiers radicalement différents, l’avantage allant clairement aux constructeurs classiques.
Par exemple, Nikola ne réalise aucun revenu réel, tandis que NIO a généré des marges brutes négatives au premier trimestre 2020. Quant à Tesla, elle n’a commencé à enregistrer des bénéfices qu’à la fin de l’année dernière et n’a donc pas encore affiché d’exercice profitable complet.
L'industrie des VE offre certes des opportunités potentiellement gigantesques pour le futur, et les marchés aiment se tourner vers l'avenir. Toutefois, le rythme auquel le monde passera aux voitures électriques est très incertain, et la progression du marché pourrait être plus lente que les investisseurs ne semblent le penser.
Tout ceci laisse donc planer le risque d’une correction, si le marché estime au final que les actions des constructeurs de voitures électriques sont en avance sur la musique.
En début d'année, le PDG de Tesla, Elon Musk, a lui-même estimé que le prix de l'action était trop élevé, ce qui a d’ailleurs entrainé la société a lever des fonds en vendant des actions, ce qu’elle avait expressément exclu en fin d’année 2019.
Au début de ce mois, NIO a également émis des actions et a finalement vendu plus d'actions que prévu initialement. Si cette levée de fonds devait aider NIO à faire face à l'épuisement de ses liquidités, elle montre également que les fabricants de VE ont profité de la hausse des prix des actions, ce qui constitue également un signal d’alarme.
Bulle en formation dans le secteur des voitures électriques ?
Contrairement aux actions des entreprises technologiques de la bulle dot-com, l'industrie des véhicules électriques fait partie des rares secteurs qui offrent des perspectives de croissance astronomiques, et la hausse des actions de ce secteur repose donc sur du concret, et non de simples spéculations.
Le problème est de savoir quelle est la prime justifiée pour bénéficier d’une exposition à ces perspectives. Des entreprises comme NIO et Tesla ne peuvent définitivement pas être valorisées comme les constructeurs automobiles traditionnels, et se rapprochent davantage des entreprises technologiques par certains aspects.
Il semble donc qu’il soit encore trop tôt pour parler de bulle, mais les résultats du second trimestre 2020 à attendre au cours des prochaines semaines devraient fournir un meilleur éclairage à ce propos.