par Noele Illien
ZURICH (Reuters) - UBS a déclaré jeudi que le groupe absorberait entièrement la branche suisse de Credit Suisse, une décision qui intervient malgré une probable réaction négative dans le pays, où elle pourrait entraîner la perte de milliers d'emplois.
Le plus grand gestionnaire de patrimoine au monde a revu à la hausse le montant des économies qu'il attend de l'opération, prévoyant 10 milliards de dollars d'ici à la fin de 2026, contre une estimation précédente de 8 milliards de dollars d'ici à 2027. La plupart des économies devraient provenir de la réduction des effectifs.
Le groupe va en effet supprimer 3.000 emplois en Suisse au cours des prochaines années, notamment via des ruptures conventionnelles, a indiqué le directeur général Sergio Ermotti dans une note adressée au personnel.
Cette annonce très attendue a été faite simultanément avec la publication des premiers résultats d'UBS depuis le rachat de son rival en difficulté.
UBS aurait pu se séparer de l'activité et l'introduire en bourse, mais la branche nationale a été une solide source de profit pour Credit Suisse et a été la seule division à afficher des résultats positifs l'année dernière.
"Notre analyse montre clairement qu'une intégration complète est la meilleure solution pour UBS, nos parties prenantes et l'économie suisse", a déclaré le directeur général Sergio Ermotti dans un communiqué.
"Les deux entités suisses fonctionneront séparément jusqu'à leur intégration juridique prévue pour 2024, la migration progressive des clients vers les systèmes d'UBS devant être achevée en 2025", a-t-il ajouté.
Credit Suisse a fait état pour le deuxième trimestre de sorties nettes d'actifs de 39 milliards de francs suisses (40,67 milliards d'euros), démontrant que le sauvetage par UBS n'a pas réussi à enrayer la perte de confiance.
Toutefois, UBS a déclaré que les sorties d'actifs ont eu lieu à un rythme plus lent par rapport aux trimestres précédents et que le flux est devenu positif en juin.
UBS de son côté a affiché un bénéfice net de 29 milliards de dollars pour le deuxième trimestre.
Ce bénéfice est lié à un gain exceptionnel qui reflète le fait que les coûts d'acquisition étaient bien inférieurs à la valeur de Credit Suisse. Il est légèrement inférieur à l'estimation à 33,45 milliards de dollars, selon un consensus établit par l'entreprise.
UBS a progressait de 4,96% à 07h55 GMT, sa plus forte hausse sur une journée depuis le mois de mars.
"Il est clair que le groupe reste un chantier à ciel ouvert pour le moment, mais nous pensons que les résultats et les annonces devraient donner confiance dans le titre à moyen terme", ont déclaré les analystes de Deutsche Bank (ETR:DBKGn) dans une note.
Le titre a progressé de 36% en 2023, contre un gain de 13,5% pour l'indice bancaire européen, qui prenait jeudi 0,39%.
(Reportage Noele Illien ; version française Nathan Vifflin et Corentin Chappron, édité par Kate Entringer)