Air France-KLM, dont les résultats ont retrouvé des couleurs, a donné un coup d'accélérateur à son développement à travers des partenariats avec Delta, Virgin et China Eastern augmentant sa force de frappe sur les marchés concurrentiels d'Amérique du Nord et d'Asie.
"Nous sommes dans une dynamique très positive" a commenté vendredi le PDG du groupe Jean-Marc Janaillac au cours d'une conférence de presse sur les performances financières du groupe au premier semestre "globalement très satisfaisantes".
La veille le groupe franco-néerlandais avait annoncé une augmentation de son capital et l'arrivée parmi ses actionnaires de Delta et China Eastern, afin de devenir "le pilier européen du premier réseau mondial de compagnies aériennes".
Un accord qualifié par M. Janaillac de "totalement inédit dans le secteur aérien", une industrie très peu consolidée.
Air France-KLM et Delta vont ainsi regrouper dans une entité unique leur coentreprise avec l'italienne Alitalia et celle entre Delta et Virgin Atlantic.
"Avec Delta et Virgin Atlantic nous renforçons notre alliance transatlantique et devenons la première alliance entre l'Europe et les Etats-Unis en termes de trafic. Avec China Eastern, nous consolidons notre position sur un marché à forte croissance", a déclaré M. Janaillac.
Le groupe franco-néerlandais espère ainsi conforter sa position sur les marchés nord-américain et européen avec douze "hubs" des deux côtés de l'Atlantique.
Pour sceller ces alliances, Air France-KLM va ouvrir son capital à Delta et China Eastern via deux augmentations de capital réservées, pour un montant total de 751 millions d'euros, afin de permettre aux deux compagnies d'acquérir chacune 10% du groupe européen.
Ces augmentations de capital "permettront d'améliorer la structure financière d'Air France-KLM, d'accélérer la réduction de son endettement net" et de financer l'acquisition de 31% de Virgin Atlantic, pour environ 220 millions de livres (246 millions d'euros).
Avec l'arrivée d'Air France-KLM au sein du capital de Virgin Atlantic, le patron de la compagnie britannique Richard Branson, majoritaire à 51% jusqu'ici au côté de Delta (49%), ne détiendra plus que 20% des actions.
A la Bourse de Paris, le titre cédait 3,56% à 11,66 euros à 15H55, après avoir perdu jusqu'à 13% en séance.
A travers ces alliances, l'objectif du groupe franco-néerlandais est de reprendre la main sur le marché hautement concurrentiel des liaisons transatlantiques attaqué depuis un an par des compagnies low-cost long-courrier ainsi qu'en Asie, où les compagnies du Golfe font un malheur.
- "Rendre le chemin plus compliqué" -
Sur l'Amérique du Nord, le but est de développer le marché face à des concurrents comme les co-entreprises United-Lufthansa ou American Airlines-Britsh Airways.
Par ailleurs, les nouveaux partenaires vont avoir une "coordination en terme de revenue management et de pricing (prix) et celà va être un outil supplémentaire vis à vis des low-cost long-courrier", a précisé M. Janaillac.
L'une de ces cibles est Norwegian, qui propose des vols low-cost vers les Etats-Unis au départ de Londres et de Paris, et à qui "nous avons bien l'intention avec cette alliance de rendre le chemin encore plus compliqué".
Sur l'Asie, le partenariat avec China Eastern permettra de profiter de son réseau domestique pour attirer des habitants de villes chinoises secondaires et les transporter vers l'Europe, à partir de Shanghaï.
Les partenariats conclus permettront en outre une coordination commerciale, avec à la clé des contrats avec des entreprises pour mieux remplir les cabines business et augmenter la rentabilité de ces vols, selon M. Janaillac.
La filiale à coûts réduits d'Air France (PA:AIRF) Joon, une des pierres angulaires du plan "Trust Together" -le plan de reconquête du trafic lancé par M. Janaillac il y a à peine 9 mois- va par ailleurs démarrer ses opérations sur le moyen-courrier à l'automne avec l'ouverture de quatre lignes, a précisé le PDG d'Air France Franck Terner citant la péninsule ibérique parmi les destinations.
Sur le long-courrier, Joon débutera ses opérations à partir de l'été prochain sur des lignes déficitaires d'Air France mais aussi de nouvelles lignes ouvertes.