par Gwénaëlle Barzic et Mathieu Rosemain
PARIS (Reuters) - Le milliardaire Vincent Bolloré a enclenché jeudi la première étape du mariage entre Vivendi (PA:VIV) et Havas (PA:HAVA), deux groupes dont il est le premier actionnaire, avec l'ambition de bâtir un géant des contenus et de la communication.
Dans un communiqué, Vivendi a annoncé avoir fait une offre au groupe Bolloré pour le rachat de sa participation de 59,69% dans le sixième groupe publicitaire mondial, concrétisant un projet évoqué à plusieurs reprises par l'entrepreneur breton ces derniers mois.
Le propriétaire de Canal+ et Universal Music Group propose un prix de 9,25 euros pour les actions Havas, valorisant la participation de Bolloré à 2,36 milliards d'euros.
L'offre fait ressortir une prime de 8,8% par rapport au cours de Bourse d'Havas en date du 10 mai 2017, indique Vivendi, qui prévoit de financer l'opération avec sa trésorerie.
"Cette opération, réalisée à un prix cohérent avec les multiples du secteur, aura un effet relutif sur le résultat net par action de Vivendi", précise la société dans son communiqué.
Vivendi prévoit également une amélioration sensible de sa marge, de l'ordre de 100 points de base pour 2017, mais ne fournit pas d'estimation des synergies envisagées grâce à la transaction.
Le groupe Bolloré a fait savoir dans la foulée que ses conseils avaient accueilli favorablement l'offre de Vivendi et décidé d'engager des discussions.
Certains analystes ont émis des doutes sur l'intérêt stratégique d'une telle opération, pointant par ailleurs les risques de conflit d'intérêt pour Havas, qui conseille des concurrents de Canal+ notamment.
D'autres ont pointé la singularité d'une opération qui verrait Vivendi, contrôlé de fait par Vincent Bolloré et ses 29% des droits de vote, racheter les parts de ce dernier dans sa filiale.
"Ce projet stratégique permettra à Vivendi d’accélérer la construction d’un leader mondial de contenus, de médias et de communication, qui lui assurera un positionnement unique dans un contexte de convergence entre contenus, distribution et communication", explique Vivendi dans le communiqué.
VIVENDI CONFIRME SES PRÉVISIONS POUR 2017
Le groupe, qui espère conclure la transaction d'ici fin juin-début juillet, a précisé qu'une offre publique d’achat simplifiée serait par ailleurs lancée à destination des autres actionnaires d'Havas dans les mêmes conditions.
Cette opération ne vise pas à retirer Havas de la cote, indique Vivendi, qui assure par ailleurs que la transaction n'aura pas d'impact sur les effectifs des deux groupes.
"Nos groupes évoluent dans un univers commun, certaines de nos équipes se connaissent déjà, et nos cultures se ressemblent et se complètent", a expliqué dans un mail à ses salariés le PDG d'Havas Yannick Bolloré, fils de Vincent Bolloré.
Dans un communiqué distinct, Vivendi a confirmé ses perspectives pour 2017 après un premier trimestre contrasté marqué par un bond de près de 13% des revenus de sa maison de disques Universal Music Group contrebalancé par les difficultés persistantes de Canal+ en France.
La chaîne cryptée a subi un nouveau coup dur jeudi en perdant les droits de retransmission qu'elle détenait pour la Ligue des Champions, raflés en totalité par l'opérateur télécoms SFR (PA:SFRGR).
Canal+ anticipe toutefois une amélioration au cours de la deuxième partie de l'année à la faveur de ses mesures de réduction de coûts, de la refonte de ses offres commerciales et de ses partenariats avec les opérateurs télécoms.
(Edité par Dominique Rodriguez)