PARIS (Reuters) - Vivendi (PARIS:VIV) s'est opposé à la demande d'un fonds d'investissement actionnaire qui réclamait la vente d'Universal Music Group, assurant avoir le soutien de ses investisseurs pour conduire sa stratégie de construction d'un groupe intégré dans les médias et les contenus.
Le groupe a publié un communiqué lundi dénonçant des "tentatives de démantèlement" après des informations de presse faisant état de la volonté de l'un de ses actionnaires de contester la stratégie lors de sa prochaine assemblée générale le 17 avril.
Selon le Financial Times, le fonds P. Schoenfeld Asset Management (PSAM), déçu par la performance du titre Vivendi, a engagé des conseillers à New York et Paris.
Le fonds d'investissement américain, qui détient un peu moins de 1% du groupe français, envisage de soumettre au vote des actionnaires des résolutions demandant au groupe d'agir afin d'améliorer son parcours boursier et d'augmenter son dividende.
"Le Directoire dénonce les tentatives de démantèlement du groupe Vivendi et réaffirme sa volonté de construire un groupe industriel mondial, champion français des médias et des contenus", a réagi le groupe de médias à la mi-journée.
Dans son communiqué, la société indique que ce fonds lui avait déjà adressé une lettre en décembre lui demandant la vente de l'un de ces deux principaux actifs, la maison de disques Universal Music Group. "Aujourd'hui, PSAM semble formuler de nouvelles demandes. Elles seront, comme les précédentes, examinées par le directoire", dit le communiqué.
FRUSTRATIONS
Vivendi a enchaîné les cessions depuis la mi-2013 dans le cadre de sa sortie du secteur des télécoms, amassant un trésor de guerre qu'il a dit vouloir utiliser pour récompenser ses actionnaires et financer sa stratégie d'expansion dans les médias, potentiellement via des acquisitions.
Lors de la publication de ses résultats annuels en février, la société a annoncé qu'elle prévoyait de retourner quelque 5,7 milliards d'ici mi-2017 à ses actionnaires tout en restant peu diserte sur sa stratégie dans les médias, provoquant la frustration d'une partie de ses investisseurs.
Pour les analystes de Liberum, l'offensive du fonds PSAM a peu de chances d'aboutir, "à moins de convaincre des actionnaires français majeurs de se joindre au mouvement".
"Ce que cette initiative met en lumière toutefois, c'est que les actionnaires de Vivendi attirés par un retour de cash conséquent pourraient devoir ronger leur frein", ajoutent-ils.
Vivendi a pour principal actionnaire l'industriel milliardaire Vincent Bolloré, nommé à la tête de son conseil de surveillance en juin dernier. Le dirigeant du groupe industriel diversifié Bolloré s'est renforcé début mars au capital, portant sa participation de 5,15% à 8,15%
Dans son communiqué, Vivendi assure "que la plupart des actionnaires rencontrés récemment par le management (...) privilégient une stratégie de moyen terme permettant au groupe de créer de la valeur à travers une politique de développement interne et externe ambitieuse".
Il ajoute que la politique de redistribution récemment annoncée par le groupe "apparaît bien calibrée" aux yeux de ses mêmes actionnaires.
Les actionnaires ont jusqu'à lundi minuit pour soumettre des résolutions en vue de l'assemblée générale.
(Leila Abboud avec Gwénaëlle Barzic, Benjamin Mallet et Alexandre Boksenbaum-Granier, édité par Jean-Michel Bélot)