ROME (Reuters) - Le gouvernement italien ne démissionnera pas quel que soit le résultat du référendum prévu le 4 décembre proposant une réforme de la Constitution dont le président du Conseil Matteo Renzi a fait l'un de ses engagements politiques, a indiqué dimanche le ministre italien de l'Intérieur.
A plusieurs reprises, Renzi a lié son sort au résultat de cette consultation qui doit mettre fin au bicamérisme intégral et réduire les pouvoirs du Sénat afin d'améliorer la stabilité institutionnelle en Italie.
Au cours des dernières semaines, le chef du gouvernement a toutefois pris soin de nuancer sa position de départ, affirmant que cela occultait le débat sur le fond de la réforme.
Les récents sondages montrent que le camp du "non" est en tête, une perspective qui inquiète les capitales européennes redoutant un affaiblissement du pouvoir à Rome au moment où le bloc communautaire doit composer avec le Brexit.
Se voulant rassurant, le ministre de l'Intérieur Angelino Alfano, membre d'un petit parti de centre droit allié du Parti démocrate (PD) de Renzi, a affirmé que le gouvernement resterait en place quelle que soit l'issue du scrutin.
"Ceux qui sont d'accord avec le contenu de cette réforme mais qui vont voter 'non' seulement pour se débarrasser de Renzi doivent savoir que ce gouvernement ne démissionnera pas, ils ont donc tout intérêt à voter 'oui'", explique Alfano au quotidien Il Messagero.
Selon lui, le camp du "non" est une alliance de différents partis qui ne partagent aucune valeur commune. "De fait, ce gouvernement est le seul possible", a-t-il estimé.
Matteo Renzi a déjà indiqué qu'en cas de victoire du "non", le président italien ne convoquerait pas d'élections anticipées, laissant entendre qu'il poursuivrait son mandat jusqu'à son terme prévu en 2018.
Si le référendum se traduit par un rejet de la proposition gouvernementale, l'Italie risque de devoir réformer son code électoral car l'actuelle version de la loi a été rédigée en anticipant une victoire du "oui".
La réforme prévoit plusieurs dispositions réduisant le rôle et les pouvoirs du Sénat qui ne serait plus élu au suffrage universel direct comme la chambre des députés.
La haute assemblée n'aurait plus la possibilité de mettre le gouvernement en minorité, non plus que de bloquer l'adoption de projets de loi de manière indéfinie.
Matteo Renzi soutient que cette réforme du système parlementaire est indispensable pour améliorer la stabilité institutionnelle en Italie qui a connu 63 gouvernements en près de 70 ans.
Pour ses adversaires, la réforme a été mal rédigée et elle risque de priver le pays de contre-pouvoirs et de garde-fous démocratiques instaurés après la fin de la Seconde guerre mondiale afin d'empêcher le retour d'un régime autoritaire.
(Crispian Balmer; Pierre Sérisier pour le service français)