par Julien Ponthus
FRANCFORT (Reuters) - Manuel Valls a défendu mardi devant le directoire de la Banque centrale européenne (BCE) les réformes engagées par son gouvernement et qui visent, selon lui, à faire évoluer le modèle social du pays vers "une flexi-sécurité à la française".
Le Premier ministre français a effectué devant le président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, une longue présentation intitulée "l'ambition des réformes pour la France".
"L'ensemble de ces réformes, vous l'aurez compris, poursuit un seul et même objectif : une 'flexi-sécurité' à la française, avec plus de souplesse pour les entreprises, plus de sécurité et de visibilité dans les procédures, notamment pour les salariés", a-t-il déclaré selon le texte de son intervention.
Manuel Valls a particulièrement insisté sur l'importance "majeure" des lois Macron et Rebsamen, décriées par une partie de la gauche, pour libérer des pans de l'économie française et réformer le dialogue social.
Assouplissement du travail le dimanche, libéralisation du transport par autocar, plafonnement des indemnités aux prud'hommes, aménagement des contrats à durée déterminée, simplification des instances représentatives du personnel, le Premier ministre a déroulé son programme tout en ouvrant de nouveaux horizons.
"Aller plus loin dans le recours à l'accord collectif" ou encore "favoriser la mobilité et l'employabilité des salariés à travers la création du Compte personnel d'activité" seront les "chantiers" de l'automne, a promis le Premier ministre.
Conforté par la reprise de l'activité dans le secteur privé en France, qui a crû en juin à son rythme le plus rapide depuis 46 mois, Manuel Valls a aussi assuré que la France tiendrait, grâce à son programme d'économie de 50 milliards d'euros sur trois ans, ses objectifs budgétaires avec un déficit limité à 2,7% en 2017.
"JE CROIS AVOIR ÉTÉ CONVAINCANT"
"Je crois avoir été convaincant", a dit le Premier ministre lors d'un échange avec la presse allemande organisé au consulat français de Francfort, où les réformes économiques françaises sont souvent jugées trop modestes.
Manuel Valls s'est lancé en septembre 2014 dans une tournée des capitales européennes où il a martelé aux milieux d'affaires que son gouvernement, bien que socialiste, était résolument pro-entreprise.
"My government is pro-business", avait-il dit notamment en anglais au Guildhall, le coeur historique de la City, dans un discours qui se voulait la déclinaison sur le sol britannique du "J'aime l'entreprise" lancé en août lors de l'université d'été du Medef.
"Je pense que le regard des institutions européennes sur la France a clairement changé ces derniers mois", s'est félicité le Premier ministre, pour qui le passage en force de son gouvernement sur la loi Macron a été interprété à l'étranger comme la preuve de sa détermination à poursuivre les réformes.
Selon un participant à la réunion, Manuel Valls a assuré à Mario Draghi que les réformes continueraient en France tant qu'il serait Premier ministre.
Si Manuel Valls a promis début juin au congrès du Parti socialiste de réformer jusqu'au bout du quinquennat, des analystes estiment que sa marge de manoeuvre se réduira d'ici là compte tenu des exigences de son camp, des partenaires sociaux et du souci de reconquérir l'opinion.
(Edité par Grégory Blachier)