BRUXELLES (Reuters) - Les Etats membres de l'Union européenne se sont entendus mardi pour augmenter légèrement le budget de recherche militaire pour la première fois depuis 2010, la Grande-Bretagne ayant assoupli sa position sur le sujet avant d'entamer les négociations de sortie du bloc.
Au lendemain de l'adoption d'un plan visant à rendre l'UE moins dépendante des Etats-Unis en matière de défense, les Vingt-Huit ont décidé d'augmenter le budget de l'Agence européenne de défense (AED) de 1,6% en 2017, en ligne avec l'inflation.
Bien que l'AED, qui soutient les efforts de développement d'avions de chasse et d'autres technologies militaires, n'ait pas obtenu la hausse de 6,5% espérée, c'est la première fois depuis six ans que Londres ne s'oppose pas à une telle mesure, ont souligné des responsables européens.
Le budget reste cependant modeste (31 millions d'euros) et il a diminué de 15% en termes réels pendant cette période, ont-ils ajouté.
"C'est une augmentation symbolique", a reconnu la chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini pendant une conférence de presse.
"Mais c'est un signal clair de la part de tous les membres de l'UE, Royaume-Uni inclus, de vouloir augmenter le budget de l'agence pour montrer le travail qui doit être fait."
L'obstruction systématique de Londres, au nom de la préservation du rôle de l'Otan, a longtemps constitué un frein à l'Europe de la défense souhaitée notamment par Paris et Berlin.
Mais le vote des Britanniques en faveur du Brexit puis l'élection à la présidence américaine de Donald Trump, qui a publiquement questionné le coût de l'Otan, ont sensiblement changé la donne.
Selon les responsables européens, l'assouplissement de la position du Royaume-Uni pourrait traduire la volonté de Londres de continuer à coopérer avec l'UE après le Brexit, face aux menaces collectives que font peser le terrorisme islamiste ou la Russie.
L'AED a été créée en 2004 sous l'impulsion du Premier ministre britannique de l'époque, Tony Blair, et du président français Jacques Chirac. Mais après un lancement en grandes pompes, la montée de l'euroscepticisme au Royaume-Uni et l'ampleur de la crise financière de 2008 ont douché ses ambitions.
(Robin Emmott; Tangi Salaün pour le service français)