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Après deux ans de guerre, l'Ukraine face à une Russie supérieure en nombre et en armes

Publié le 21/02/2024 16:18
© Reuters. Photo d'un militaire ukrainien qui utilise des drones dans un lieu tenu secret dans la région de Donetsk. /Photo prise le 6 février 2024/REUTERS/Alina Smutko

par Max Hunder

KRAMATORSK, Ukraine (Reuters) - Alors que la guerre en Ukraine va entrer dans sa troisième année, la 59e brigade d'infanterie de l'armée ukrainienne est confrontée à une sombre réalité : elle commence à manquer d'hommes et d'armes pour résister à l'envahisseur russe.

D'après un commandant de section se faisant appeler "Tygr", les effectifs de la brigade ne représentent plus que 60 à 70% des milliers d'hommes qui la composaient au début du conflit. Les autres ont été tués, blessés ou ne sont plus en état de combattre en raison de l'âge ou de la maladie.

Aux lourdes pertes infligées par les Russes s'ajoutent des conditions de vie éprouvantes sur le front, dans l'est de l'Ukraine, où le sol gelé s'est transformé en boue épaisse avec les températures inhabituellement élevées pour la saison.

"Le temps, c'est pluie, neige, pluie, neige. Résultat, les gens tombent malades de simples rhumes ou d'angines. Ils sont hors de combat pendant un certain temps et il n'y a personne pour les remplacer", dit un chef de compagnie au sein de la brigade se faisant appeler "Limuzyn". "Le problème le plus urgent dans chaque unité, c'est le manque d'effectif."

A l'approche du deuxième anniversaire de son invasion lancée le 24 février 2022, la Russie de Vladimir Poutine semble prendre l'ascendant dans une guerre mêlant combats de tranchée évoquant la Première Guerre mondiale et bataille de haute technologie dans les airs à l'aide de milliers de drones.

La Russie n'enregistre toutefois que des gains modestes sur le terrain même si elle a revendiqué comme une grande victoire le week-end dernier la prise de la ville d'Avdiivka dans la région de Donetsk. Un porte-parole de la troisième brigade d'assaut, l'une des unités ukrainiennes ayant tenté de tenir la ville, a déclaré que les défenseurs étaient dépassés en nombre, de l'ordre de un contre sept.

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Reuters s'est entretenu avec plus d'une vingtaine de commandants et de soldats d'unités d'infanterie, de drones ou d'artillerie sur différentes sections du front long de plus d'un millier de kilomètres dans l'est et le sud de l'Ukraine.

Bien que toujours motivés, tous évoquent la difficulté à contenir un ennemi supérieur en nombre et mieux équipé alors que le soutien militaire occidental ralentit malgré les demandes pressantes du président ukrainien Volodimir Zelensky.

LES RUSSES MÈNENT DES ASSAUTS RÉPÉTÉS PAR PETITS GROUPES

Un autre commandant de la 59e brigade, réclamant de se faire appeler seulement par son prénom Hryhoriy, décrit les attaques incessantes menées par des groupes de cinq à sept soldats russes capables de partir à l'assaut jusqu'à 10 fois par jour, comme de la "chair à canon" selon lui.

"Quand une ou deux positions défensives repoussent ces assauts toute une journée, les gars sont fatigués", explique-t-il lors d'une brève permission avec ses hommes épuisés loin du front près de Donetsk, ville occupée par les Russes.

"Les armes se cassent et s'il n'y a aucune possibilité de leur apporter des munitions ou de changer leurs armes, alors vous voyez où cela mène."

L'Ukraine dépend fortement de l'argent et des équipements fournis par ses soutiens étrangers pour son effort de guerre. Elle paraît aujourd'hui plus exposée que jamais depuis le début du conflit en raison du blocage d'une nouvelle aide américaine de plus de 60 milliards de dollars en raison de batailles politiques au Congrès des Etats-Unis.

Un soldat engagé dans une unité d'artillerie se faisant appeler "Skorpion" raconte que son lanceur GRAD de conception soviétique, tirant des missiles possédés par seulement quelques alliés de l'Ukraine, ne fonctionne plus qu'à environ 30% de ses capacités.

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"C'est devenu comme ça dernièrement", dit-il. "Il n'y a plus autant de munitions étrangères."

Au-delà de la longue pause dans les livraisons américaines, les pays occidentaux se montrent pour l'instant incapables de tenir le rythme de production nécessaire à l'effort de guerre ukrainien. L'Union européenne a ainsi dû admettre qu'elle ne pourrait honorer son engagement de livrer un million d'obus à Kyiv d'ici mars.

Michael Kofman, chercheur associé et spécialiste de l'armée russe au Carnegie Endowment for International Peace, centre de réflexion à Washington, estime que l'artillerie russe tire cinq fois plus d'obus que son adversaire ukrainienne, un écart que donne lui aussi Hryhoriy de la 59e brigade.

"L'Ukraine n'obtient pas une quantité suffisante de munitions d'artillerie pour répondre à ses besoins défensifs minimaux et ce n'est pas une situation tenable à terme", dit Michael Kofman.

LA RUSSIE A COMBLÉ L'ÉCART INITIAL SUR LES DRONES

Les autorités ukrainiennes évaluent leurs effectifs militaires à environ 800.000 soldats tandis qu'en Russie, Vladimir Poutine a ordonné en décembre de les augmenter de 170.000 pour les porter à 1,3 million. Kyiv a préparé une loi destinée à mobiliser 450.000 à 500.000 Ukrainiens supplémentaires mais le texte est enlisé au Parlement.

Les budgets militaires sont aussi sans commune mesure avec 109 milliards de dollars de dépenses prévues côté russe en 2024, soit plus du double des 43,8 milliards affichés côté ukrainien.

Dans une lettre récemment adressée aux dirigeants de l'Union européenne, le ministre ukrainien de la Défense, Roustem Oumerov, estime selon le Financial Times que son pays a un "besoin absolu minimum" de 6.000 obus par jour mais qu'il ne peut actuellement en tirer que 2.000.

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Si l'aviation conventionnelle est assez peu utilisée dans ce conflit en raison de l'efficacité des systèmes de défense antiaérienne, la bataille se déroule tout de même aussi dans le ciel, chaque camp misant énormément sur les drones.

Ces petits appareils sans pilote sont faciles et peu chers à produire et peuvent tout autant surveiller les mouvements de l'ennemi que bombarder avec précision.

L'ampleur de l'effort entrepris par chacun des deux pays dans ce domaine est stupéfiant.

L'an dernier, l'Ukraine a ainsi commandé plus de 300.000 drones et en a envoyé plus de 100.000 sur le front, a dit le ministre du Numérique, Mykhaïlo Fedorov, à Reuters.

L'accent est désormais mis sur les drones FPV, des appareils légers et facilement maniables, équipés d'une caméra embarquée, d'un émetteur et d'un récepteur permettant une commande en direct à distance. Volodimir Zelensky a fixé pour objectif d'en produire un million cette année.

Limuzyn, de la 59e brigade, dit que la large utilisation des drones par les Russes complique la tâche des Ukrainiens pour établir et conserver des positions.

"Nos gars commencent à faire quelque chose, un drone les repère et un deuxième drone arrive pour leur larguer quelque chose dessus", dit-il.

Côté ukrainien, le recours aux drones a aussi amené les Russes à reculer de plusieurs kilomètres leurs véhicules et leurs armements les plus importants, selon deux "pilotes" de drones de deux unités différentes.

"C'est maintenant très difficile de trouver des véhicules à frapper (...) la plupart des véhicules sont à 9-10 km ou plus", dit un pilote de la 24e brigade se faisant appeler "Nato". "Au début, ils étaient très bien à 7 km."

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Deux autres pilotes de drones ukrainiens, "Leleka" et "Darwin", servant tous deux dans l'unité d'élite Achille de la 92e brigade, décrivent des files de drones se formant parfois au-dessus du champ de bataille dans l'attente de pouvoir frapper des cibles ennemies.

"C'est comme les taxis à l'aéroport, un drone arrive, puis un autre et enfin un troisième", dit Leleka.

Il en va de même pour les Russes, qui ont annulé l'avance prise en début de conflit par l'Ukraine et disposent désormais de plus de drones qu'elle, selon des pilotes ukrainiens de trois unités différentes.

(Reportage Max Hunder, version française Bertrand Boucey, édité par Kate Entringer)

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