PARIS (Reuters) - Marine le Pen a annoncé dimanche une "transformation profonde" à venir du Front national, un parti qui a démontré avec sa défaite au second tour de la présidentielle sa difficulté persistante à briser son plafond de verre électoral.
La candidate d'extrême droite, qui a obtenu moins de 35% des voix face à Emmanuel Macron selon les premières estimations, n'a donné aucune précision sur la forme que pourrait prendre le parti après sa mue.
Le vice-président Florian Philippot, proche conseiller de Marine Le Pen, a toutefois fait savoir, sur TF1 (PA:TFFP), qu'un changement de nom semblait inéluctable.
Lors d'une déclaration à la presse, la candidate défaite s'est présentée comme la chef de file de "la première force d'opposition au projet du nouveau président", portée par un "résultat historique et massif".
"Le premier tour a entériné une décomposition majeure de la vie politique française par l'élimination des partis anciens", a-t-elle dit dans une allusion au Parti socialiste et aux Républicains, dont les représentants ont été évincés le 23 avril.
"Ce second tour organise une recomposition politique de grande ampleur autour du clivage entre les patriotes et les mondialistes", a ajouté Marine Le Pen, qui se range dans la première catégorie.
"Le Front national, qui s'est engagé dans une stratégie d'alliance, doit lui aussi profondément se renouveler, afin d'être à la hauteur de cette opportunité historique et des attentes des Français", a-t-elle encore déclaré.
"Je proposerai donc d'engager une transformation profonde de notre mouvement afin de constituer une nouvelle force politique que de nombreux Français appellent de leurs voeux et qui est plus que jamais nécessaire au redressement de notre pays."
DEBOUT LA FRANCE RESTERA "INDÉPENDANT"
La présidente en congé du FN, pour qui se profilent désormais les législatives, a appelé "tous les patriotes" à la rejoindre.
Pour la première fois de son histoire, le FN s'est trouvé un allié durant l'entre-deux-tours en la personne de Nicolas Dupont-Aignan, battu au premier tour avec moins de 5% des voix.
L'accord scellé avec ce député venu de la droite classique ne lui a toutefois pas permis de percer son plafond de verre, dû à son isolement politique et au rejet massif que le FN continue de susciter dans l'opinion.
Nicolas Dupont-Aignan a par ailleurs fait savoir dimanche soir que son parti, Debout la France, demeurait "indépendant" et qu'il présenterait ses propres candidats aux élections législativesdes 11 et 18 juin.
Le FN, confondé au début des années 1970 par Jean-Marie Le Pen, s'est déjà efforcé de renouveler son image, sous l'égide de Marine Le Pen, suivant une stratégie dite de "dédiabolisation".
Un frontisme rénové que rejette Jean-Marie Le Pen.
"C'est les problèmes de l'euro, de l'Europe, de la retraite à 60 ans qui ont plombé la campagne de Mme Le Pen, me semble-t-il", a déclaré l'ex-président du FN, exclu en 2015, qui a appelé sur RTL à revenir aux "fondamentaux", à commencer par le discours anti-immigration.
"Je ne laisserai pas le nom du Front national disparaître comme cela", a-t-il par ailleurs prévenu sur franceinfo.
(Simon Carraud avec Cyril Camu et Sophie Louet, édité par Yves Clarisse)