par Gwénaëlle Barzic et Natalie Huet
PARIS (Reuters) - Carmat a confirmé lundi avoir implanté son coeur artificiel sur une deuxième personne dans le cadre d'une expérimentation qui doit se poursuivre avec le recrutement de deux autres patients.
L'intervention, qui a eu lieu le 5 août au CHU de Nantes (Loire-Atlantique), s'est déroulée "dans de bonnes conditions", a indiqué le ministère de la Santé dans un communiqué, sans fournir d'information sur l'identité de la personne opérée.
La survie du patient un mois après l'implantation est considérée comme l'un des critères clefs pour évaluer le succès de l'expérimentation pour laquelle Carmat a reçu le feu vert des autorités françaises en septembre 2013.
Le coeur Carmat, constitué de composants biologiques et de capteurs, a pour objectif d'améliorer la qualité de vie du patient, réduire le risque de rejet lié aux greffes mais aussi les problèmes de coagulation
L'essai, qui est destiné aux personnes souffrant d'une insuffisance cardiaque irréversible et dont le pronostic vital est engagé à brève échéance, doit inclure au total quatre patients.
Le premier greffé, Claude Dany, 76 ans, est mort le 2 mars, 74 jours après l'implantation du coeur de Carmat.
Si la date du 5 août est confirmée pour la seconde implantation, "ce serait une assez bonne nouvelle parce que ça voudrait dire qu'un patient a dépassé son objectif de 30 jours", souligne Arnaud Guérin, analyste santé-biotech chez Portzamparc.
Il souligne cependant que la communauté médicale comme les investisseurs seront attentifs à d'autres indicateurs de succès tels que la facilité avec laquelle les chirurgiens ont pu implanter la prothèse ou encore la rapidité avec lequel l'administration d'anticoagulants aura pu être arrêtée.
VA RECRUTER DEUX AUTRES PATIENTS
"Carmat confirme avoir accompli la moitié de l'essai de faisabilité de sa bioprothèse cardiaque", a indiqué pour sa part Carmat dans un court communiqué, sans donner plus de détails sur la deuxième implantation.
Le groupe français a ainsi confirmé des informations rapportées par la presse en fin de semaine dernière, ce qui s'était traduit par une forte hausse du titre en Bourse vendredi (+10,66%).
L'action Carmat gagnait 0,72% à 90,34 euros ce lundi vers 12h00 après avoir débuté la séance en hausse marquée.
La ministre des Affaires sociales et de la Santé Marisol Touraine a félicité les équipes médicales ayant assuré l'intervention et salué une "innovation qui permet de maintenir l'espoir de nombreux patients souffrant d'insuffisance cardiaque terminale".
Mis au point par le chirurgien français Alain Carpentier, le coeur artificiel de Carmat reproduit le fonctionnement du coeur naturel.
Le prix de cette bioprothèse de quelque 900 grammes a été estimé par les analystes entre 140.000 et 180.000 euros alors qu'une transplantation classique coûte 250.000 euros en France et presque un million de dollars aux Etats-Unis, selon des chiffres communiqués par Carmat.
Au-delà d'offrir un nouveau coeur à une personne malade, elle a également pour intérêt de ne pas nécessiter de traitement immunosuppresseur ou des anticoagulants, souligne Arnaud Guérin.
(Edité par Matthieu Protard)