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Les enjeux d'un accord entre la Grèce et ses créanciers

Publié le 11/08/2015 15:48
Mis à jour le 11/08/2015 16:31
Le ministre grec des Finances Euclid Tsakalotos au Parlement à Athènes, le 23 juillet 2015 (Photo Louisa Gouliamaki. AFP)

Le ministre grec des Finances Euclid Tsakalotos au Parlement à Athènes, le 23 juillet 2015 (Photo Louisa Gouliamaki. AFP)

L'accord technique obtenu mardi entre la Grèce et les institutions créancières (UE, BCE, FMI et Mécanisme européen de stabilité), et qui attend l'aval de ses partenaires européens, doit permettre au pays de bénéficier d'un nouveau plan d'aide en échange d'un nouveau train de réformes. En voici les principaux enjeux.

- Pourquoi un troisième plan d'aide?

Malgré deux programmes d'aide en 2010 et 2012, d'un montant total de 240 milliards d'euros, et un effacement de dette de 100 milliards d'euros du secteur privé, la Grèce a connu six années consécutives de récession et n'est toujours pas en mesure de revenir se financer sur les marchés. Elle ne peut même plus faire face à ses échéances de remboursements.

Quant aux banques grecques, exsangues du fait de la dégradation économique et des retraits massifs des citoyens, elles ont un besoin urgent de recapitalisation.

Le nouveau plan d'aide, d'un montant de "82 à 86 milliards d'euros" sur trois ans, selon une source européenne, 85 milliards selon le gouvernement grec, doit permettre à Athènes de payer ses arriérés et faire face à ses échéances. Il doit aussi permettre de recapitaliser les banques.

- Quelle incidence sur la dette grecque ?

La dette du pays s'élève actuellement à quelque 320 milliards d'euros, 170% du PIB, un niveau unanimement jugé non viable. Le nouveau plan d'aide, sous forme de prêts, la ferait grimper à 200%. Le Fonds monétaire international insiste sur la nécessité de réduire la dette, sous peine de ne plus participer au financement du pays. La promesse d'un réaménagement de la dette grecque avait été faite en 2012 par les Européens en échange de la mise en oeuvre de réformes.

Mais plusieurs pays s'opposent radicalement à un effacement de dette pur et simple, à commencer par l'Allemagne. Le Premier ministre slovaque Robert Fico a lui aussi réaffirmé fin juillet que son pays serait "toujours fondamentalement opposé à toute réduction de la dette de la Grèce".

- Qu'attendent les créanciers ?

En échange de cette nouvelle aide, les créanciers réclament des réformes, détaillées dans le mémorandum sur lequel les institutions et le gouvernement d'Athènes sont tombés d'accord.

Dans l'immédiat, pour débloquer une première tranche d'aide, la Grèce doit mener 35 réformes allant, selon la presse, d'un changement sur les taxes à la tonne pour les compagnies maritimes à la réduction du prix des médicaments génériques, en passant par la dérégulation du secteur de l'énergie.

Des réformes de fond ont aussi été réclamées, concernant aussi bien le système de retraite que le marché du travail, ainsi que la mise en place d'un fonds de privatisation.

Athènes va aussi devoir faire des ajustements budgétaires, mais les objectifs ont été "assouplis", s'est réjoui mardi le gouvernement grec, avec une prévision de déficit primaire (hors charges de la dette) de 0,25% du PIB en 2015, puis d'excédents de 0,5% en 2016, 1,75% en 2017 et 3,5% en 2018.

- Quelles sont les prochaines étapes ?

Le Parlement grec pourrait voter le texte jeudi, ce qui permettrait la réunion d'un Eurogroupe (ministres des Finances de la zone euro) pour approbation vendredi, avant le vote d'autres Parlements européens, dont le Bundestag allemand. Ce calendrier serait idéal pour Athènes: la première tranche de l'aide serait déboursée à temps pour que la Grèce rembourse 3,4 milliards d'euros dus à la BCE le 20 août.

Mais l'Allemagne a insisté ces derniers jours pour conclure un accord "solide", quitte à prendre plus de temps pour négocier. Dans ce cas, pour franchir l'obstacle du 20 août, il y aura "peut-être besoin d'un prêt-relais", a reconnu mardi une source européenne à Bruxelles.

- Le nouveau plan d'aide va-t-il permettre à la Grèce de s'en sortir et d'éviter le "Grexit"?

Là est toute la question, et les économistes sont sceptiques. "Il y a un certain nombre de pièges qui pourraient faire dérailler l'accord dans les prochains mois et relancer les craintes d'un Grexit", une sortie de la Grèce de la zone euro, notent les analystes d'ABN Amro.

A commencer par la récession: beaucoup d'économistes prévoient une baisse du PIB grec de 3 à 4% cette année. Pour l'éviter, il va falloir une cure d'austérité qui pourrait "être contre-productive" pour la croissance, selon ABN Amro.

"Le plan repose sur des prévisions pour l'économie et les finances publiques qui relèvent quasiment du fantasme", selon Jonathan Loynes, de Capital Economics, qui juge les nouveaux objectifs budgétaires assignés à Athènes "extrêmement exigeants, sinon impossible à atteindre".

Pour lui, ce nouveau plan d'aide "ne permettra ni de régler les problèmes économiques et budgétaires profonds de la Grèce, ni d'assurer son avenir au sein de l'union monétaire".

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