PARIS (Reuters) - La baisse draconienne des dépenses publiques, dont le candidat de la droite à l'élection présidentielle de 2017 François Fillon s'est fait le champion, suscite un front du refus dans l'opinion publique française, selon une enquête de l'institut Elabe.
Selon ce sondage réalisé auprès de 1.003 personnes les 6 et 7 décembre pour Les Echos, l'Institut Montaigne et Radio classique, 90% des Français jugent ainsi inacceptable une réduction des dépenses publiques de santé.
Les sondés sont 89% à juger également inacceptable la réduction des dépenses en matière de sécurité ou de retraites, 86% quand il s'agit d'éducation, 82% concernant la justice et 70% s'il s'agit de l'environnement.
Ce front du refus traverse toutes les préférences partisanes, souligne l'institut de sondage.
Les avis sont en revanche moins tranchés quand il s'agit de réduire les aides sociales (50% se disent contre), les dépenses en matière de culture (53%) et l'indemnisation des demandeurs d'emploi (également 53% contre).
Sur ces sujets, souvent associés au thème de "l'assistanat", les clivages traditionnels droite-gauche se reconstituent.
"Dans un contexte marqué par des contraintes budgétaires qui restent fortes (...) les réponses des Français témoignent de l'extrême sensibilité du débat engagé sur la nécessité de réduire les dépenses publics", note néanmoins Elabe.
François Fillon propose de réduire les dépenses publiques de 100 milliards d'euros en cinq ans, notamment par la suppression de 500.000 postes dans la fonction publique et une réduction des remboursements de l'assurance maladie.
Or, selon le sondage Elabe, 58% des Français ne jugent pas souhaitable l'objectif de réduction du nombre de fonctionnaires affiché par l'ancien Premier ministre de Nicolas Sarkozy.
Seuls les sympathisants de la droite et du centre y souscrivent majoritairement (65%) alors que 20% seulement des sympathisants de gauche le jugent souhaitable. Ceux du Front national sont pour leur part partagés, avec 47% d'opinions favorables et 52% d'avis négatifs.
La réduction des dépenses publiques, son ampleur et les moyens d'y parvenir ont constitué pendant la campagne de la primaire de la droite un des principaux points d'affrontement entre François Fillon et son adversaire malheureux, Alain Juppé, qui n'a eu de cesse de critiquer la "brutalité" de son projet.
Le débat semble loin d'avoir été refermé à droite et au centre par la victoire de François Fillon à la primaire.
Le nouveau secrétaire général du parti Les Républicains, Bernard Accoyer, pourtant réputé proche de l'ancien Premier ministre, lui a demandé de clarifier son projet social, en particulier sur la question de l'assurance maladie.
(Emmanuel Jarry, édité par Yves Clarisse)