par Andrew MacAskill, Michael Holden et Alistair Smout
LONDRES (Reuters) - Le projet de loi présenté en urgence par le Premier ministre britannique Rishi Sunak pour sauver son programme de renvoi des demandeurs d'asile au Rwanda a surmonté mardi un premier obstacle au Parlement, évitant un revers en dépit de la rébellion de dizaines d'élus, notamment de pairs conservateurs.
Rishi Sunak, qui a érigé en priorité la lutte contre les arrivées illégales de migrants, mise sur ce projet malgré des avertissements répétés sur le fait qu'une telle mesure ne serait pas viable et un avis défavorable de la Cour suprême britannique le mois dernier.
Des divisions sont apparues au grand jour dans les rangs du Parti conservateur du dirigeant britannique, laissant planer le spectre d'une défaite parlementaire cuisante pour celui qui est entré en fonction à Downing Street en octobre 2022.
Après d'intenses négociations de dernière minute et des débats tendus, les députés de la Chambre des communes ont approuvé le texte par 313 voix contre 269, offrant à Rishi Sunak une victoire lors de ce premier vote.
Toutefois, le résultat illustre les difficultés du Premier ministre à asseoir son autorité sur le Parti conservateur, alors que les élus modérés du parti s'inquiètent de voir la Grande-Bretagne violer ses obligations humanitaires tandis que les élus les plus conservateurs estiment que le texte est insuffisant.
Le texte prévoit d'outrepasser certaines lois en matière de droits humains pour organiser des vols de déportation des demandeurs d'asile vers le Rwanda afin d'y traiter leurs demandes.
Mi-novembre, la Cour suprême britannique a jugé que le Rwanda n'était pas un lieu sûr pour y déporter les migrants arrivant en Grande-Bretagne via La Manche à bord d'embarcations de fortune, et que le projet gouvernemental entrerait en violation avec les droits britannique et international.
En réponse, Rishi Sunak a scellé un nouveau pacte avec le Rwanda et présenté une mesure d'urgence destinée à outrepasser les lois humanitaires empêchant ces déportations.
Les difficultés du dirigeant rappellent celles connues par l'ancienne Première ministre Theresa May concernant la législation sur le Brexit, entre 2017 et 2019, avec des revers à répétition au Parlement à la suite d'une révolte d'un grand nombre d'élus conservateurs. Theresa May avait fini par jeter l'éponge, laissant place à Boris Johnson.
Si le nombre de demandeurs d'asile arrivés par la mer en Grande-Bretagne cette année (environ 29.000) a diminué d'environ un tiers par rapport à 2022, la situation reste un symbole très visible de l'échec de Londres à contrôler les frontières britanniques - l'une des promesses phare des partisans du Brexit.
(Reportage Andrew MacAskill, Michael Holden et Alistair Smout, avec Kylie MacLellan et Sarah Young; version française Jean Terzian)