par Elizabeth Pineau
PARIS (Reuters) - Sans surprise, le député Benjamin Griveaux a été investi mercredi par La République en marche (LaRem) comme le candidat de la majorité présidentielle aux élections municipales de 2020 à Paris, a annoncé la commission d'investiture du parti.
Dans sa première déclaration, l'ancien porte-parole du gouvernement a appelé au rassemblement pour "écrire une nouvelle page de l'histoire de Paris", tendant la main à ses anciens adversaires et appelant de ses voeux une "campagne digne", sans "aucune attaque personnelle" ni "aucun propos de caniveau".
Son principal rival, le député et mathématicien Cédric Villani, avait annoncé sa défaite en début de soirée via un message sur Twitter (NYSE:TWTR) où, visiblement déçu, il évoquait les "perspectives qu'il convient à présent d'ouvrir" sans se ranger derrière le vainqueur.
Benjamin Griveaux, souvent présenté comme le favori pour cette investiture, a quitté le gouvernement en mars pour briguer l'hôtel de ville de la capitale, ce qui promet une rude bataille face à la maire socialiste sortante Anne Hidalgo. Il était également opposé à un troisième candidat, le vice-président de l'Assemblée nationale Hugues Renson.
Les trois hommes avaient passé mardi un "grand oral" d'une heure et demie chacun devant la commission d'investiture présidée par la députée Marie Guévenoux et l'ancien ministre Alain Richard.
"Ma mission maintenant, c'est de rassembler un collectif, une équipe pour faire gagner les Parisiens et dans ce collectif, chacun aura sa place", a dit Benjamin Griveaux.
Il s'est particulièrement adressé à Cédric Villani, "homme de coeur et d'engagement" qui "a sans doute mieux que personne mis l'écologie au coeur de cette précampagne".
"Je suis sûr que nous saurons trouver dans les heures et dans les jours qui viennent une offre et une alternative à la politique conduite par l'actuelle maire de Paris depuis cinq ans", a-t-il ajouté.
Il a aussi promis d'échanger avec tous ceux qui ont souhaité s'investir dans la campagne, comme Hugues Renson, l'ancien secrétaire d'Etat Mounir Mahjoubi, l'élue d'arrondissement Anne Lebreton et le sénateur Julien Bargeton.
"PAS LE MAIRE D'UN CLAN"
La plus grande habitude de Benjamin Griveaux des affaires publiques et de la politique a pesé dans le choix final de la CNI, a expliqué Alain Richard en annonçant le résultat au siège de LaRem, où s'est réuni le Bureau exécutif en présence de plusieurs membres du gouvernement, dont la ministre du Travail Muriel Pénicaud et la secrétaire d'Etat Emmanuelle Wargon.
"Nous partagions le sentiment que le projet et la méthode de Benjamin Griveaux étaient plus organisés et plus durables face à la réalité de la campagne où chaque chose que nous dirons pourra être contredite, donc il faut être sûr de ses arguments et de ses données", a-t-il ajouté.
Soutenu par des députés de Paris comme Stanislas Guerini et Olivia Grégoire et des membres du gouvernement comme Marlène Schiappa, Benjamin Griveaux, 41 ans, est un ancien disciple du socialiste Dominique Strauss-Kahn, qui s'est rangé tôt derrière la bannière d'Emmanuel Macron.
En campagne depuis des mois, il se présente comme un candidat "central" féru d'écologie, qui veut diriger la ville en "bon gestionnaire". Il doit organiser à la rentrée une grande consultation des Parisiens visant à élaborer son programme, avec le souci de "dépasser le seul horizon des marcheurs".
"Le prochain maire de Paris doit être le maire de tous les Parisiens, pas le maire d'un clan, pas le maire des Parisiens de l'Est contre les Parisiens de l'Ouest, il doit dépasser ces clivages politiques et ma mission c'est d'aller convaincre", a-t-il expliqué.
L'une de ses premières tâches sera d'éviter une fronde de Cédric Villani, qui n'est pas venu au siège écouter les résultats de la CNI à la différence d'Hugues Renson, parti sans faire de commentaire.
Si d'aventure le mathématicien ne soutenait pas la candidature de Benjamin Griveaux, comme il s'y était pourtant engagé, il pourrait être exclu, a prévenu Alain Richard.
"C'est la règle du mouvement. Tout le monde la connaît", a-t-il dit.
(Avec Danielle Rouquié, édité par Tangi Salaün)