ABOU DHABI (Reuters) - François Hollande a clôturé samedi à Abou Dhabi une conférence internationale sur la protection des oeuvres d'art et des sites menacés par les conflits, une action dans laquelle il voit un pendant aux luttes armées et diplomatiques contre la "barbarie".
En détruisant des sites et des oeuvres comme le fait l'Etat islamique en Irak ou en Syrie, "ce fanatisme s'en prend à la diversité des civilisations et donc à l'unité du genre humain", a dit le président français.
"A Alep, ceux qui ont choisi le déchaînement de la violence tuent deux fois le peuple syrien, dans sa chair avec les bombardements et les massacres qui s'y produisent, et dans sa mémoire à travers les biens les plus prestigieux de l'humanité", a-t-il ajouté, en référence au régime syrien.
"La culture est l'âme des peuples, partout où elle est détruite, les peuples souffrent", avait auparavant déclaré la directrice générale de l'Unesco, Irina Bokova.
Le premier objectif de cette conférence, qui a réuni une quarantaine d'Etats, était de lever au moins 100 millions de dollars auprès de partenaires publics et privés pour un fonds de sauvegarde du patrimoine qui devrait être opérationnel en 2017.
Prenant la forme d'une fondation basée à Genève, ce fonds doit financer des formations, établir des plans de sauvegarde d'urgence des oeuvres, créer des inventaires, numériser des collections et des sites, financer des interventions d'urgence, reconstruire et réhabiliter.
La France participera à hauteur de 30 millions de dollars.
Les Etats et les musées sont parallèlement invités à créer des refuges pour accueillir les oeuvres pendant les conflits, sur le territoire en guerre ou à l'étranger, en offrant des garanties de conservation, d'insaisissabilité et de restitution.
LOUVRE ABOU DHABI
En France, le centre de réserve du Louvre à Liévin (Pas-de-Calais) a été proposé.
François Hollande avait auparavant visité samedi le chantier du musée du Louvre d'Abou Dhabi, qui doit ouvrir ses portes l'an prochain.
"Le musée a cette ambition (...), pouvoir envoyer un message de dialogue de paix, de compréhension et d'intelligence", dans un monde arabe bouleversé par les guerres, avait-il souligné.
L'ouverture de ce musée illustre le "conflit entre la civilisation, l'humanité (...) et la barbarie", avait-il ajouté, évoquant le "fanatisme" et l'"obscurantisme" de l'Etat islamique que la France combat en Irak et en Syrie.
"En même temps que nous protégeons les personnes, nous devons protéger notre histoire, nos cultures, nos civilisations pour montrer d'ailleurs qu'elles n'en font qu'une, cette civilisation s'appelle tout simplement l'humanité", avait-il encore déclaré.
Le chef de l'Etat devait ensuite visiter une base militaire française installée à Abou Dhabi, de laquelle décollent des avions frappant l'Etat islamique en Irak et en Syrie.
La conférence sur la protection du patrimoine est le fruit d'une initiative de la France et des Emirats arabes unis.
Elle fait suite aux destructions par des djihadistes de mausolées à Tombouctou, au Mali, et au saccage par l'Etat islamique de sites irakiens, à Nimrud ou Hatra, du musée de Mossoul, ou encore du site de Palmyre en Syrie.
L'objectif est aussi de prolonger la conférence par une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies en 2017.
(Jean-Baptiste Vey, édité par Chine Labbé)