PARIS (Reuters) - L'homme qui a percuté le 19 juin un fourgon de gendarmes sur les Champs-Elysées, avec une voiture contenant tout un arsenal, est probablement l'auteur d'une lettre menaçant la France d'un bain de sang, envoyée le 29 mai à plusieurs medias, a dit une source judiciaire mardi à Reuters, confirmant une information du Monde.
Une enquête préliminaire a été ouverte le 31 mai par la section anti-terroriste du parquet de Paris sur ce courrier, dont a également été destinataire l'essayiste et pamphlétaire Marc-Edouard Nabe, qui l'a diffusé sur son compte Twitter.
Ce "message au peuple français de la part des soldats de l'Etat islamique en France" arbore le drapeau de Daech et la photo d'un fusil d'assaut kalachnikov au-dessus de la mention "soldats du califat" écrite avec des balles.
Long de huit pages, organisé en chapitres, ce message s'adresse directement aux Français : "Souhaitez-vous corriger vos erreurs (...) ou allez-vous continuer à observer silencieusement les crimes de votre gouvernement ?"
L'auteur accuse l'ex-président François Hollande d'avoir "déclaré la guerre à l'Etat islamique" et énumère huit exigences, dont "l'arrêt immédiat des bombardements français", ainsi que le retrait de la France de la coalition internationale "contre le califat" et de tous les pays musulmans.
Il donne sept jours au successeur de François Hollande, Emmanuel Macron, pour répondre favorablement à ces demandes.
"En cas de refus (...), les prochaines vagues d'attentats qui frapperont la France seront bien plus effroyables que les précédentes", menace-t-il.
Le mail d'accompagnement envoyé à Marc-Edouard Nabe, lui demandant de diffuser ce message, est signé "Abou Mahdi al Roumi, porte-parole des soldats du califat en France".
Selon Le Monde, les enquêteurs n'ont pas réussi dans un premier temps à identifier l'auteur du message et du mail. Ce n'est qu'après avoir exploité l'ordinateur retrouvé dans la voiture de l'homme des Champs-Elysées, identifié sous le nom d'Adam Djaziri, qu'ils ont fait le rapprochement.
Ils y ont retrouvé un document identique à la lettre envoyée aux rédactions et à Marc-Edouard Nabe, confirme-t-on de source judiciaire. De plus, dans la lettre-testament qu'il a postée le jour de l'attaque sur les Champs-Elysées, Adam Djaziri accuse la France de n'avoir pas tenu compte de cet avertissement.
Autre indice, le fusil d'assaut dont la photo accompagne le message a été identifié comme étant une des armes retrouvées dans le véhicule de cet homme de 31 ans, fiché "S", qui n'a pas survécu au choc avec le fourgon de gendarmerie.
Prié de confirmer s'il était probable que l'auteur du message du 29 mai et celui de la lettre-testament du 19 juin soient le même homme, le même source judiciaire a répondu par l'affirmative.
(Emmanuel Jarry, édité par Yves Clarisse)