PARIS (Reuters) - Les mises en chantier de logements et les permis de construire en France ont accentué leur progression en février, dans le sillage des sommets atteints en 2017 et malgré de premiers signes de modération pour l'avenir, selon des données provisoires publiées mercredi par le gouvernement.
Avec 497.000 logements autorisés et 427.700 logements mis en chantier, l'année 2017 a été une année record depuis 2011, une quasi concrétisation, avec un décalage, de la promesse de François Hollande de construire 500.000 logements par an sous son quinquennat.
Emmanuel Macron a pour sa part écarté tout objectif chiffré de construction, au profit d'un choc d'offre destiné à "tasser les prix là où les besoins sont les plus grands", notamment en favorisant la mise à disposition des terrains publics et privés.
Après une croissance de 5 % de l'activité dans le bâtiment en 2017, la Fédération française du bâtiment (FFB) vise une croissance moitié moindre cette année, en raison notamment de signes de ralentissement sur les devis des chantiers à venir, sur fond de recul des ventes.
A l'approche de la présentation du projet de loi Elan en conseil des ministres, le 4 avril, Jacques Chanut, le président de la FFB, évoque jeudi dans une interview au Club Immo/Le Figaro le risque d'un "trou d'air" dans la construction d'ici fin 2019-2020 lié à l'abaissement de certaines aides (prêts à taux zéro, dispositifs "Pinel", APL accession).
"Notre grand souci, c'est de faire en sorte que cette loi Elan, qui est bonne, ne soit pas un prétexte pour couper d'ores et déjà un certain nombre de mesures", prévient-il. "Tout ce qui est dans le projet de loi Elan aura un effet mais dans trois, quatre ou cinq ans."
Les acteurs du logement social, qui représente une part importante des constructions, redoutent un risque d'attentisme ralentissant la construction, du fait des ponctions budgétaires et du projet de loi Logement appelé à réformer le secteur par des regroupements.
REDRESSEMENT
Après un dernier trimestre 2017 en léger ralentissement, le début d'année 2018 enregistre cependant des données favorables en rythme trimestriel et une progression en rythme annuel quasi stable entre janvier et février.
Sur un an, à fin février 2018, en données brutes, 427.300 logements ont été commencés, soit une progression de 12,5% par rapport au cumul des douze mois précédents.
Le progression en rythme annuel touche tous les secteurs de construction (12,3 % pour les logements individuels purs, 14,9 % pour les logements collectifs, 5,2 % pour les logements en résidence et 6,8 % pour les logements individuels groupés).
La tendance est également favorable pour les permis de construire : sur un an à fin février, le nombre cumulé de logements autorisés s'établit à 504.800(données brutes cumulées sur douze mois) en hausse de 8,0 % par rapport au cumul des douze mois précédents.
En données corrigées des variations saisonnières et des jours ouvrables, le nombre de logements commencés de décembre à février affiche un redressement de 2,9% (avec une hausse de 3,0% dans l'individuel et de 2,8% dans le collectif), après un recul enregistré en janvier.
Sur la même période, les permis de construire progressent de 5,2% par rapport aux trois mois précédents. Les logements collectifs se redressent (+3,5 % après -6,4 %) tandis que l'individuel progresse de 7,8 %.
En moyenne sur les trois derniers mois, le taux d'annulation des permis de construire de logements individuels est resté stable et inférieur à sa moyenne de long terme, à 10,4% contre 12,3%, tandis que dans le collectif le taux reste au-dessus de la moyenne (24,0% contre 18,8%).
Le délai moyen de mise en chantier est stable et proche de ses moyennes de longue période, à 5,1 mois pour les logements individuels (contre 5,3 mois en moyenne) et à 11,2 mois dans le collectif, soit exactement en ligne avec la tendance de long terme.
(Julie Carriat, édité par Yves Clarisse)