par Roberta Rampton et Steve Holland
WASHINGTON (Reuters) - Barack Obama a déclaré lundi qu'il nourrissait des inquiétudes quant à la présidence de Donald Trump mais a estimé que le cadre de la fonction et les responsabilités gigantesques qui l'accompagnent modifierait le comportement de son successeur.
"Cette fonction a une façon de vous réveiller", a-t-il dit lors d'une conférence de presse à la Maison blanche. "Les aspects de ses positions ou de ses prédispositions qui ne coïncident pas avec la réalité, il va s'apercevoir qu'elles seront rapidement bousculées parce que la réalité a une façon de s'imposer d'elle-même".
Optant pour une expression sobre et choisissant soigneusement ses mots, le président sortant, qui laissera la Maison blanche à Trump le 20 janvier prochain, a souligné qu'il avait insisté auprès du milliardaire républicain sur les différences qui existent entre faire campagne et présider les Etats-Unis.
"Certains traits de son caractère ne l'aideront pas bien, sauf s'il les reconnaît et les rectifie", a poursuivi Obama. "Parce que quand on est un candidat et que l'on dit des choses inexacts ou discutables, cela a moins d'impact que lorsqu'on est président des Etats-Unis. Tout le monde vous écoute. Les marchés bougent."
Le président sortant s'est tenu à l'écart des polémiques du moment, jugeant qu'il ne serait pas opportun pour lui de commenter chacune des nominations auxquelles le président élu doit procéder. Obama s'exprimait 24 heures après les premières nominations effectuées par Trump, dont le choix du très controversé Stephen Bannon à un poste inédit de "stratège en chef".
Obama, qui a reçu Trump pendant une heure et demie jeudi dernier dans le Bureau ovale de la Maison blanche, a noté que sa discussion avec le milliardaire new-yorkais avait été "fluide et utile" et qu'il l'avait trouvé "sincère" dans sa volonté affichée d'être un bon président.
Mais il a aussi rapporté lui avoir dit qu'au vu de la "férocité" de la bataille présidentielle, il importait d'envoyer des "signaux d'unité" au pays et de tendre la main aux catégories d'électeurs qui n'ont pas voté pour lui, insistant notamment sur les femmes et sur les minorités.
Obama a par ailleurs appelé le Parti démocrate à engager une réflexion sur lui-même, jugeant nécessaire que de nouvelles voix et de nouvelles idées émergent.
Outre la défaite inattendue d'Hillary Clinton dans la course à la Maison blanche, le parti a également échoué dans sa volonté de récupérer une majorité au Sénat, qui reste, de même que la Chambre des représentants, républicain.
(avec Alana Wise et Ginger Gibson; Henri-Pierre André pour le service français)