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La ligne "pragmatique" de Macron déroute les libéraux

Publié le 28/07/2017 17:14
© Reuters. LA LIGNE "PRAGMATIQUE" DE MACRON DÉROUTE LES LIBÉRAUX
BOUY
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RENA
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par Marine Pennetier

PARIS (Reuters) - Souvent dépeint par ses détracteurs comme ultra-libéral, Emmanuel Macron défend une ligne économique "pragmatique", dépourvue de "totems", qui déroute les milieux libéraux dont les espoirs de voir se tourner une nouvelle page en matière de doctrine économique en France s'amenuisent.

"Pincez-moi, une nationalisation !", titre vendredi L'Opinion, au lendemain de l'annonce que l'Etat exerçait son droit de préemption sur les chantiers navals STX de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique) aux dépens de l'Italien Fincantieri.

"Que le gouvernement, dans son ambition de 'libérer les capacités de production', commence par renier sa parole, braquer l'unique repreneur crédible et humilier un partenaire majeur, l'Italie, laisse perplexe", écrit le quotidien libéral.

"Dans un pays où l'étatisme le dispute au jacobinisme, rien d'étonnant à ce que de La France insoumise au FN, cette 'solution nationale' (jamais vue depuis 1981...) soit saluée par la quasi-totalité de la classe politique", ajoute le journal.

Le leader de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon a en effet salué l'annonce lors d'une conférence de presse.

"C'est contraire à la philosophie politique de M. Macron", a-t-il affirmé.

La ligne tenue par le chef de l'Etat de 39 ans n'est pourtant pas une surprise. En 2015, alors qu'il était ministre de l'Economie, Emmanuel Macron avait publié une tribune dans Le Monde dans laquelle il soulignait que les "réussites industrielles" du pays avaient été rendues possibles "grâce au "soutien des pouvoirs publics et à l’énergie entrepreneuriale".

"L’économie de marché est un rapport de forces sur lequel nous avons les moyens de peser", ajoutait-il, trois semaines après s'être opposé à la vente de Dailymotion à un groupe hongkongais.

"PLUS INTERVENTIONNISTE QU'ON NE LE CROIT"

Perçu comme "finance-friendly" à l'inverse de François Hollande, l'arrivée au pouvoir d'Emmanuel Macron a suscité des attentes dans les cercles libéraux qui voyaient d'un bon oeil l'annonce d'un recentrage de l'ISF sur l'immobilier et la taxe uniforme de 30% sur les revenus du capital.

L'annonce début juillet d'un report de la réforme de l'ISF a donc provoqué une déception au sein de la frange libérale des soutiens du chef de l'Etat qui, face à la fronde - ainsi qu'à la colère d'une partie de la population et de la gauche sur la réforme de la taxe d'habitation - a dû opérer une volte-face.

Pour l'économiste libéral Nicolas Bouzou, Emmanuel Macron n'a "pas une idéologie extrêmement stricte, on le voit bien depuis le début, c'est d'ailleurs le problème, on a du mal à identifier sa ligne politique, ce qui est pourtant essentiel si on veut gagner en crédibilité".

Avec son élection, "on pensait qu'on allait changer de politique industrielle et en avoir une plus libérale, plus axée sur la recherche et le développement et en soutien aux nouveaux secteurs. Là, ce qu'on voit c'est qu'on nationalise temporairement", ajoute-t-il.

Pendant la campagne, note-t-il, Emmanuel Macron avait dit que "l'Etat ne pouvait pas tout et qu'il fallait mettre l'accent sur la formation. Avec STX, on se retrouve avec une politique économique qui était celle de Sarkozy, Hollande : quand on a un problème, on donne de l'argent public, c'est dommage".

Selon un banquier, le chef de l'Etat est "beaucoup plus à gauche et plus interventionniste qu'on ne le croit."

"Son intervention sur Renault (PA:RENA) (en 2015-NDLR) l'a clairement démontré. On l'avait aussi vu dans le cadre de la consolidation dans les Télécoms face à Martin Bouygues (PA:BOUY) et cela va sans doute continuer", indiquait ce banquier en avril.

"PAS DE TOTEMS"

De quoi tordre le cou à l'image de politique "libéral" qui est accolée au chef de l'Etat par ses opposants, en raison de son passé de banquier d'affaires chez Rothschild.

"Le président se méfie toujours des cases dans lesquelles on vous enferme, parce qu'après on dit 'on ne comprend pas, s'il est libéral pourquoi il fait ça ?", explique son entourage. "Il défend une politique économique dans laquelle on agit en fonction de ce qui est dans les intérêts de la France."

"Emmanuel Macron n'a pas de totem sur les prises de participation à l'intérieur des entreprises, pas plus qu'il n'a de totem sur les cessions de participation à l'intérieur des entreprises", souligne-t-on. "Preuve en est, les actions qu'en tant que ministre de l'Economie ou secrétaire général adjoint de l'Elysée il a prises".

"Est-ce que ça veut dire qu'il va y avoir une vague de nationalisations ? Je crois que le ministre de l'Economie a été extrêmement clair à ce sujet", ajoute-t-on. "Il y a une stratégie d'un état actionnaire qui est un actionnaire intelligent, qui préserve les intérêts de la France".

Publiée mercredi, une note de la banque Natixis apporte de l'eau au moulin des tenants du libéralisme économique.

La politique menée en France "n’est pas du tout libérale", peut-on y lire. "On modifie à la marge la fiscalité, les règles du marché du travail, les dépenses publiques et le poids de l’Etat, les systèmes de retraite, le système éducatif, etc…".

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"Mais on ne réfléchit jamais à des réformes complètes qui viendraient du passage à une politique économique vraiment libérale en France", conclut-elle.

(Avec Gwenaëlle Barzic, édité par Yves Clarisse)

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