SHANGHAI (Reuters) - Le controversé barrage chinois des Trois-Gorges, plus grande centrale hydroélectrique au monde, ne menace pas de s’écrouler, déclarent les autorités chinoises, rejetant ainsi des rumeurs de risque d’effondrement propagées sur les réseaux sociaux.
China Three Gorges Corporation, l'entreprise publique qui exploite l'ouvrage, a déclaré que le barrage sur le Yangzi s’était déplacé de quelques millimètres en raison des variations de température et de niveau d’eau, mais que les indicateurs de sécurité ne montraient rien d'inhabituel.
Le groupe répondait à un internaute qui a posté la semaine dernière sur Twitter des photos satellites de Google (NASDAQ:GOOGL) Maps en prétendant que le barrage s’était incliné et qu’il risquait de s’effondrer. Ces photos ont été diffusées sur les réseaux sociaux nationaux.
Haut de 185 mètres, le barrage des Trois-Gorges est l’un des projets d’ingénierie les plus coûteux et les plus controversés de Chine. Achevée en 2006, sa construction a provoqué l'engloutissement de nombreux villages, le déplacement de millions d’habitants et d'importantes changements d'écoystèmes.
Les opposants au projet affirment qu’il a également accru les risques de séismes et de glissements de terrain dans la région.
En 2011, le gouvernement a admis que le projet avait causé des dommages sociaux et environnementaux considérables et promis de verser 124 milliards de yuans (16 milliards d'euros) d'indemnités.
Xie Deti, expert en hydroélectricité et député pour la ville de Chongqing, a déclaré en mars dernier que la moitié de l'argent promis n’avait toujours pas été versée.
Pour le géologue chinois Fan Xiao, fervent opposant des projets de barrages géants, les rumeurs diffusées reflètent l’absence de débat sur le barrage des Trois-Gorges, désormais considéré comme un "trésor national" qu’il ne faut pas critiquer.
"Si on ne peut plus parler de ce qui ne va pas, on se met la tête dans le sable et on se leurre soi-même", a-t-il posté lundi sur son compte WeChat. "Cela ne résoudra aucun problème et pourrait même les aggraver."
(David Stanway; Emma Cruz, édité par Jean-Stéphane Brosse)