par Nidal al-Mughrabi et Ari Rabinovitch
GAZA/JERUSALEM (Reuters) - Le calme est revenu lundi matin dans le sud d'Israël et la bande de Gaza après trois jours d'affrontements entre forces israéliennes et groupes armés palestiniens, les plus meurtriers depuis des mois.
Selon deux représentants palestiniens et une chaîne de télévision appartenant au Hamas, un accord de cessez-le-feu a été conclu lundi à 04h30 (01h30 GMT) pour mettre fin aux violences, qui ont coûté la vie à 27 Palestiniens et quatre Israéliens.
Israël n'a pas formellement confirmé l'existence d'une trêve avec le Hamas et son allié le Djihad islamique, que l'Etat hébreu considère comme des organisations terroristes. L'entourage du Premier ministre Benjamin Netanyahu évoque plus largement des mesures réciproques de retour au calme.
Sur les ondes de la radio israélienne 90 FM, le ministre de l'Energie Yuval Steinitz a accusé l'Iran d'avoir alimenté cette escalade par le biais du Djihad islamique, largement financé par Téhéran.
Selon l'armée israélienne, près de 700 roquettes ont été tirées de vendredi à dimanche par les groupes palestiniens en direction du territoire israélien, dont 240 ont été interceptées par le système antimissile Dôme de fer. Tsahal a dit avoir riposté en frappant 350 cibles dans la bande de Gaza.
L'armée israélienne a également annoncé avoir tué un responsable du Hamas qui était, selon elle, chargé de transférer des fonds d'Iran. Il s'agit du premier "assassinat ciblé" mené par Israël depuis cinq ans. Le Hamas a confirmé que ce responsable, Hamed Ahmed al Khodary, avait été tué par un missile tiré contre sa voiture.
La tension est retombée lundi matin. Les sirènes d'alerte, qui avaient retenti tout au long du week-end dans le sud d'Israël, où quatre civils israéliens ont été tués dimanche, sont restées silencieuses et Israël n'a fait état d'aucun raid supplémentaire sur Gaza.
"TRAVAILLEZ À LA PAIX", DIT TRUMP AUX PALESTINIENS
Selon des responsables palestiniens, les frappes aériennes et les tirs d'artillerie israéliens ont fait 27 morts depuis vendredi dans l'enclave, dont 14 civils.
Le Djihad islamique, qui a dit avoir perdu sept combattants dans la journée de dimanche, accuse Israël de retarder la mise en oeuvre de précédents accords, conclus grâce à la médiation de l'Egypte, pour desserrer l'étau sur la bande de Gaza, soumise à un blocus israélien depuis sa prise de contrôle par le Hamas en 2007.
Le moment choisi par le Djihad islamique et le Hamas pour faire pression sur Israël intervient alors que l'Etat hébreu s'apprête à célébrer mercredi la Journée de l'indépendance et accueillera dans deux semaines le concours international de l'Eurovision à Tel Aviv, visée en mars par une roquette tirée de la bande de Gaza.
Le ramadan doit parallèlement commencer cette semaine dans l'enclave palestinienne, où vivent quelque 2 millions de Palestiniens.
Une autre explication de cette flambée de violence pourrait être l'imminence de la publication du plan de paix américain pour le Proche-Orient, que les émissaires de Donald Trump annoncent pour le mois de juin, à l'issue du mois de ramadan.
Les négociations israélo-palestiniennes sont au point mort depuis cinq ans.
Un porte-parole du Djihad islamique, Djamil Eleyan, a déclaré que les groupes palestiniens devaient s'unir pour résister au plan Trump.
Les Etats-Unis ont apporté dimanche un soutien inconditionnel à Israël en "condamnant fermement" les tirs de roquettes, tandis que l'Iran, allié du Hamas, a dénoncé "l'agression sauvage" de l'armée israélienne à Gaza.
"Nous soutenons Israël à 100% dans la défense de ses citoyens", a écrit le président américain Donald Trump sur Twitter (NYSE:TWTR). "Au peuple de Gaza - ces actes terroristes contre Israël vous apporteront seulement davantage de misère. METTEZ FIN à la violence et travaillez à la paix - c'est possible", a-t-il ajouté.
Le conseiller à la Sécurité nationale de la Maison blanche John Bolton a annoncé dimanche que les Etats-Unis déployaient un groupe aéronaval, dont des bombardiers, au Moyen-Orient afin de signaler clairement à l'Iran que toute attaque contre les intérêts de Washington ou de ses alliés sera sanctionnée.
(Jean Terzian, Tangi Salaün et Jean-Stéphane Brosse pour le service français)