par Roberta Rampton
OSAKA, Japon (Reuters) - Donald Trump a souligné vendredi, premier jour du sommet du G20, que sa priorité à Osaka serait de conclure des accords commerciaux favorables aux Etats-Unis, malgré les mises en garde des autres dirigeants des vingt principales économies mondiales quant aux risques liés au protectionnisme.
Un entretien très attendu est programmé samedi (02h30 GMT), au dernier jour de la réunion, entre le président américain et son homologue chinois Xi Jinping, la première rencontre entre les deux dirigeants depuis novembre dernier, dans un contexte de fortes tensions commerciales entre Washington et Pékin. Mais les espoirs d'un déblocage des négociations restent minces.
Donald Trump a démenti avoir promis de suspendre pour six mois la mise en oeuvre de nouvelles taxes américaines sur 300 milliards de dollars de produits chinois supplémentaires.
"Au minimum, ce sera productif", a-t-il dit aux journalistes à propos de son entretien avec Xi Jinping.
L'administration américaine a également des différends commerciaux avec l'Inde et le Japon, pays-hôte du sommet. Donald Trump a rencontré vendredi les Premiers ministres indien Narendra Modi et japonais Shinzo Abe.
Quelques jours après avoir critiqué le traité de sécurité Japon-USA et exigé de l'Inde qu'elle renonce à des mesures de rétorsion douanière contre les Etats-Unis, en représailles à la suspension par Washington du traitement préférentiel dont bénéficiait New Delhi, le chantre de l'"America First" s'est dit prêt à annoncer "de très grandes choses".
"Un accord commercial très important", a-t-il ajouté sans autres détails avant son entretien bilatéral avec Narendra Modi.
Selon un responsable de la Maison blanche, les deux dirigeants ont demandé à leurs négociateurs de plancher sur des solutions commerciales mutuellement bénéfiques.
Donald Trump a également dit qu'il souhaitait évoquer avec le Premier ministre indien le dossier Huawei. Les Etats-Unis font pression depuis des semaines sur leurs alliés pour qu'ils renoncent à utiliser les équipements du groupe chinois pour la nouvelle génération de téléphonie mobile (5G).
"Nous vendons à Huawei beaucoup de pièces détachées", a déclaré le président américain. "Nous allons discuter de ça et voir comment l'Inde prend sa part."
DÉSACCORDS SUR L'OMC ET LE CLIMAT
A l'issue de l'entretien entre Trump et Shinzo Abe, un responsable japonais a déclaré que les deux dirigeants étaient convenus d'accélérer les négociations commerciales entre les deux pays. Le ministre japonais de l'Economie, Toshimitsu Motegi, et le représentant américain au Commerce, Robert Lighthizer, devaient s'entretenir dans la foulée.
Pendant ce temps, les autres dirigeants présents à Osaka ont multiplié les avertissements concernant les risques que font peser les tensions commerciales sur la croissance mondiale.
Le contentieux entre Washington et Pékin "contribue au ralentissement de l'économie mondiale", a déploré le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker lors d'une conférence de presse.
Xi Jinping a pour sa part dénoncé les mesures protectionnistes engagées par "certains" pays développés.
"Tout cela détruit l'ordre commercial mondial (...). Cela nuit également aux intérêts communs de nos pays et jette une ombre sur la paix et la stabilité de la planète", a dit le président chinois lors d'une rencontre entre dirigeants des pays membres du Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud).
Lors de la même réunion, Narendra Modi a plaidé pour une refonte de l'Organisation mondiale du commerce et Vladimir Poutine a critiqué les "tentatives" visant à nuire au rôle de l'OMC, voire à la détruire, se disant inquiet de la situation de l'économie mondiale alors que le commerce subit les effets "du protectionnisme" et de "restrictions à caractère politique".
Le ministre russe de l'Economie, Maxime Orechine, a constaté l'absence de consensus sur une réforme de l'OMC, dont Washington dénonce le fonctionnement, mais aussi la persistance de désaccords sur la question du changement climatique.
(avec Leika Kihara, Kiyoshi Takenaka et Katya Golubkova; Jean Terzian et Jean-Stéphane Brosse pour le service français)