PARIS (Reuters) - Le démantèlement de la partie sud du camp de migrants de Calais s'est accéléré mardi dans le calme, après les incidents survenus lundi entre forces de l'ordre et des militants.
"Nous avons aujourd’hui libéré une zone d’environ 10.000 mètres carrés, à peu près le double d’hier", a déclaré à Reuters Etienne Desplanques, directeur de cabinet de Fabienne Buccio, la préfète du Pas-de-Calais. "Il n’y a pas eu d’affrontement, les 'No borders' sur place ont été maintenus à distance."
Il a fait état du départ de 29 migrants qui ont quitté le camp en bus pour quatre destinations dans le sud de la France.
Lundi, 5.000 mètres carrés de la zone avaient été évacués et 43 départs de migrants vers des centres d’accueil (Hérault et Gironde) avaient été constatés.
Le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, a confirmé mardi dans un communiqué "la détermination du gouvernement à mettre à l'abri les migrants de Calais".
"L'activisme d'une poignée de militants No Borders extrémistes et violents n’y changera rien", souligne-t-il.
"Cette opération va se poursuivre dans les jours qui viennent avec calme et méthode, en offrant une place à chacun, comme le gouvernement s’y est engagé", ajoute-t-il.
Le tribunal administratif de Lille a rejeté fin février le recours d'associations opposées à l'évacuation de la partie sud de la "jungle" - sauf les espaces sociaux -, ouvrant la voie au démantèlement du bidonville où se trouvent des milliers de migrants qui espèrent gagner l'Angleterre.
Le démantèlement a commencé lundi matin dans le calme avant de dégénérer dans l'après-midi et dans la soirée. Les opérations ont donné lieu à des jets de pierres de la part de migrants et de militants et des tirs de gaz lacrymogènes de la part des CRS et des abris de fortune ont été incendiés.
Onze policiers ont été légèrement blessés dans ces heurts et "trois auteurs de ces violences inacceptables" ont été interpellés, selon le ministre de l'Intérieur qui appelle "chacun au calme et à la raison."
"La situation migratoire à Calais appelle la responsabilité de chacun et l’union de tous ceux, pouvoirs publics et associations, qui œuvrent pour des solutions durables et humaines", indique-t-il.
Les associations opposées à l'évacuation estiment que l'opération a été décidée sans proposer des solutions alternatives suffisantes.
Elles soulignent notamment que le nombre de migrants concernés par l'évacuation, de l'ordre d'un millier selon l'Etat, est en réalité plus de trois fois plus élevé.
(Marine Pennetier, avec Pierre Savary à Lille et Reuters TV à Calais, édité par Yves Clarisse)