CITE DU VATICAN (Reuters) - "Personne ne peut s'exonérer" de la responsabilité d'aider les migrants, a déclaré lundi le pape François, alors que se multiplient les incidents entre le gouvernement italien et les organisations humanitaires en Méditerranée.
A l’occasion du sixième anniversaire de son voyage à Lampedusa, île sicilienne où des dizaines de milliers de migrants d’Afrique du Nord sont arrivés ces dernières années, le pape a célébré lundi matin une "messe pour les migrants" dans la basilique Saint-Pierre.
"Ce sont les derniers abusés et abandonnés qui meurent dans le désert ; ce sont les derniers torturés, maltraités et violentés dans les camps de détention ; ce sont les derniers qui défient les flots d’une mer impétueuse ; ce sont les derniers abandonnés dans des camps pour un accueil trop long pour être appelé provisoire", a dit François dans son homélie.
Près de 250 personnes - migrants, bénévoles, représentants de groupes religieux et d’autres organisations d’aide aux migrants - ont assisté à la messe, qui n’était pas ouverte aux journalistes et au grand public mais diffusée à la télévision.
"Les plus faibles et les plus vulnérables doivent être aidés (…). Il s’agit, frères et sœurs, d’une grande responsabilité dont personne ne peut s’exonérer si nous voulons achever la mission de salut à laquelle le Seigneur lui-même nous a appelés à collaborer", a-t-il ajouté.
Depuis l'arrivée au pouvoir à Rome du gouvernement de coalition formé de la Ligue (extrême droite) et du Mouvement 5 Etoiles (antisystème), en juin 2018, les arrivées de migrants sur les côtes italiennes ont chuté de manière spectaculaire: depuis le début de l'année, les autorités ont comptabilisé quelque 2.456 arrivées, en recul de 85% par rapport à la même période de 2018 et de 96% par rapport à 2017.
Le durcissement de la politique migratoire de l’Italie, sous l'impulsion du ministre de l'Intérieur et chef de la Ligue Matteo Salvini, a entraîné des tensions entre les ONG et les autorités qui interdisent les eaux italiennes aux navires des organisations.
Un navire de l’association humanitaire Mediterranea, qui récupère les migrants en mer, a bravé cette interdiction samedi en accostant à Lampedusa.
Un autre bateau humanitaire, le Sea-Watch 3, avait forcé son passage vers le port sicilien il y a un peu plus d’une semaine après avoir attendu en mer plus de deux semaines avec à son bord 41 migrants secourus au large de la Libye.
(Philip Pullella; Emma Cruz, édité par Jean-Stéphane Brosse)