Une cinquantaine d'artisans-taxis ont mené une opération contre les chauffeurs UberPOP, de simples particuliers proposant leurs services à prix cassés, dans la nuit de vendredi à samedi à Paris pour dénoncer une concurrence "déloyale", a constaté une journaliste de l'AFP.
Les artisans-taxis ont arrêté les véhicules de conducteurs UberPOP, et demandé à leurs passagers d'en descendre.
Place Denfert-Rochereau, un artisan taxi expliquait à un client gêné que cette populaire application sur téléphone signifiait pour lui la "précarisation" de son métier, sous le regard de policiers discrets.
"Ca fait plus d'un an qu'on patiente et rien ne se passe", s'agace Mohamed Habib, chauffeur de taxi depuis vingt ans. "UberPOP c'est du travail au noir, du travail clandestin".
"On en a ras-le-bol de la concurrence déloyale, ras-le-bol d'Uber qui est au-dessus des lois", a renchéri une de ses collègues, Maryline Richaudeau, "de jour en jour on a une chute d'activité flagrante, ils se mettent dans nos stations, sur nos voies, il y a constamment des tensions", a-t-elle décrit, évoquant l'agression d'un chauffeur de taxi à l'aéroport de Roissy vendredi.
UberPOP a valu au groupe américain Uber, numéro un mondial de la mise en relation avec des voitures de transport avec chauffeur, de nombreux litiges avec les tribunaux. Le groupe - valorisé à 50 milliards de dollars selon la presse américaine - a ainsi été condamné à 100.000 euros d'amende par le tribunal correctionnel de Paris fin 2014 à cause d'UberPOP. La société a fait appel.
Des préfets ont interdit ces dernières semaines le service pour "concurrence déloyale" vis-à-vis des VTC (voitures de transport avec chauffeur) et taxis, deux professions ulcérées par le développement de cette activité, illégale selon le gouvernement.
La Cour de cassation examine une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) sur ce sujet, mais ne l'a pas encore transmise au Conseil constitutionnel. Parallèlement, Uber a continué à développer UberPOP, annonçant lundi son introduction à Strasbourg, Nantes et Marseille.
Jeudi, un chauffeur UberPOP poursuivi pour exercice illégal de l'activité d'exploitant de taxi, a été relaxé à Paris, une première qui a suscité la "très grande satisfaction" de la société Uber mais a scandalisé les taxis.
Le tribunal correctionnel a notamment estimé que "le transport onéreux d'une personne est insuffisant à caractériser le délit d'exploitant de taxi sans autorisation de stationnement, qui suppose que soit caractérisé un stationnement ou une circulation sur la voie publique en quête de clientèle".
En mai, quelque 150 dossiers de chauffeurs UberPOP étaient en cours à Paris. Certains ont d'ores et déjà donné lieu à des amendes de plusieurs centaines d'euros.