PARIS (Reuters) - L'élection mercredi à l'Assemblée des questeurs s'est traduite par l'ouverture des hostilités entre les frères ennemis des Républicains, ceux du groupe LR "canal historique" et les "Constructifs" refusant l'opposition frontale au gouvernement.
Par tradition depuis 1973, les deux premiers postes de questeurs, chargés des services financiers et administratifs à l'Assemblée, sont réservés au groupe majoritaire et le troisième revient au groupe de l'opposition le plus important, en l'occurrence celui des Républicains.
Le groupe LR avait désigné mercredi matin le député Eric Ciotti, réputé pour son opposition frontale à la nouvelle majorité, pour occuper le poste de troisième questeur.
Mais le groupe "Les Constructifs : républicains, UDI, indépendant", qui rassemble 35 députés dont quinze LR "macroncompatibles", ont décidé à la dernière minute de présenter l'un des siens, Thierry Solère.
Ce dernier a été élu par 306 voix contre 146 à Eric Ciotti grâce aux voix des groupes La République en marche (LREM) et MoDem.
Cette élection a provoqué une vive réaction en séance de la part de Christian Jacob, le président du groupe LR.
"Nous venons de rompre avec plus de 50 ans de pratique parlementaire", a-t-il déclaré. "Les droits de l'opposition ont été bafoués comme ils ne l'ont jamais été", a-t-il ajouté.
Franck Riester, co-président du groupe Les Constructifs, a affirmé que son groupe s'inscrivait dans l'opposition. "Au contraire, cela a vocation à faire en sorte que les droits de l'opposition soient davantage représentés".
Je me suis présenté pour être le questeur de tous les groupes minoritaires", a déclaré Thierry Solère.
Son concurrent Eric Ciotti a pour sa part stigmatisé "ce scandale démocratique et ce hold-up institutionnel qui empêche l'opposition d'exercer son rôle de contre-pouvoir".
Jean-Luc Mélenchon a apporté son soutien au groupe LR et a demandé, comme son homologue Christian Jacob, une réunion des présidents des groupes autour du président de l'Assemblée, François de Rugy (LREM).
Celui-ci a décidé de les réunir immédiatement.
A la reprise de la séance, Christian Jacob a annoncé que "tant que les droits de l'opposition n'étaient pas rétablis", son groupe refusait de siéger au bureau de l'Assemblée.
A la demande d'Olivier Faure, "patron" du groupe de la Nouvelle gauche, la séance a été de nouveau suspendue afin de "trouver une solution".
Réunis autour de François de Rugy, les présidents des groupes continuaient donc leur réflexion dans la soirée.
(Emile Picy, édité par Elizabeth Pineau)