STRASBOURG (Reuters) - Les syndicats du forum – ou comité de groupe - européen d’Alstom ont rendu jeudi un avis mitigé sur le projet de fusion avec l’Allemand Siemens (DE:SIEGn), qui n’a été approuvé que par deux voix contre cinq et six "abstentions ou neutres", a-t-on appris de sources syndicales.
Le vote, qui est imposé par la procédure mais n’a pas de conséquences légales sur son déroulement, s’est tenu à bulletins secrets à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), au siège du constructeur français de matériel de transport.
Les quatre représentants français des syndicats CFDT, CFE-CGC, CGT et FO ont émis un vote négatif ainsi que très probablement un syndicaliste polonais. Les deux salariés allemands du syndicat IG Metal se sont exprimé pour. Les "neutres" et abstentionnistes étaient britanniques, roumains, espagnols, italiens et suédois.
"On n’a pas compris qu’ils ne se prononcent pas alors qu’on avait demandé pour eux une garantie d’emploi qu’ils n’ont pas obtenue", a dit à Reuters Daniel Dreger, délégué CGT.
Le projet de fusion, qui donnera à Siemens 50% du capital, une majorité au conseil d’administration et la possibilité de racheter des actions Alstom (PA:ALSO) au bout de quatre ans, prévoit qu’il n’y ait aucune suppression d’emplois en France ni en Allemagne durant cette période pour des raisons de restructuration.
Les syndicats français jugent l’accord déséquilibré et craignent un démantèlement à terme de l’entreprise.
"Alstom et Siemens doivent maintenant présenter leur projet à une quinzaine de commissions antitrust et le fait qu’ils aient, ensemble, une position quasi hégémonique sur la signalisation ferroviaire pourrait poser problème", estime Alain Fages, de la CFE-CGC.
Cette partie de la procédure devrait durer trois mois.
Pour les syndicats, la fusion des deux leaders européens du ferroviaire pourrait accélérer l’entrée sur le marché européen du Chinois CRRC qu’elle est censée contrer. Ce concurrent deviendra, selon eux, un soumissionnaire obligé des futurs appels d’offres, du fait de la raréfaction des compétiteurs.
Alstom prévoit d'organiser en juillet l'assemblée générale destinée à approuver le projet de rapprochement avec l'activité ferroviaire de Siemens annoncé en septembre.
(Gilbert Reilhac, édité par Yves Clarisse)