par Brian Ellsworth et Andrew Cawthorne
CARACAS (Reuters) - Les Vénézuéliens ont voté dimanche pour renouveler leur assemblée législative, un scrutin qui pourrait sanctionner les socialistes au pouvoir face à la crise économique que traverse le pays.
Les "chavistes" pourraient ainsi essuyer leur première défaite à l'Assemblée nationale depuis l'accession au pouvoir du défunt président Hugo Chavez en 1999, selon les sondages.
Les dernières enquêtes d'opinion montrent cependant que la cote de popularité du président Nicola Maduro, qui a succédé à Hugo Chavez après la mort de ce dernier en mars 2013, est remontée en fin de campagne électorale, pendant laquelle le chef de l'Etat s'est dépensé sans compter.
Cela pourrait signaler une victoire de l'opposition plus courte que prévue initialement, notent des analystes.
Les bureaux de vote fermeront à 18h00 (22h30 GMT) et les résultats sont attendus vers 22h00 (02h30 GMT lundi).
Remporter la majorité des 167 sièges de l'Assemblée nationale permettrait à l'opposition de briser l'aura d'invincibilité qui entoure le chavisme, et marquerait un autre basculement à droite sur l'échiquier politique latino-américain, après la victoire du libéral Mauricio Macri le 22 novembre à la présidence argentine.
"Notre tour est arrivé", assure Diana Rodriguez, enseignante et mère de deux enfants interrogée dans un quartier opulent de l'est de Caracas.
Habillée de blanc en signe de solidarité avec Leopoldo Lopez, un chef de l'opposition emprisonné, elle ajoute: "A d'autres époques, on allait voter dans le doute et avec pessimisme. Cette fois, tout le monde est clair. Ce pays n'est plus chaviste. Chavez est mort et personne ne peut supporter celui qui l'a remplacé et a coulé notre beau pays."
PROGRAMMES SOCIAUX
Invoquant au contraire la figure d'Hugo Chavez, Nicola Maduro a appelé le "peuple chaviste" à se mobiliser pour la victoire.
L'un des principaux messages asséné par le gouvernement pendant la campagne est que l'opposition démantèlera les programmes sociaux de lutte contre les inégalités mis en place sous Chavez.
Les commentateurs politiques notent que le parti socialiste bénéficie de la répartition géographique des sièges qui favorise traditionnellement les zones rurales progouvernementales au détriment des villes.
Si l'opposition remportait les deux tiers des voix, elle aurait le pouvoir de limoger les ministres du gouvernement ou de renouveler les membres du Conseil national électoral, qu'elle accuse de favoriser systématiquement le parti au pouvoir.
Avec une majorité simple, l'opposition pourrait adopter une loi d'amnistie pour obtenir la libération de Leopoldo Lopez, arrêté pendant les manifestations antigouvernementales de 2014.
Elle pourrait également ouvrir des enquêtes parlementaires sur des organismes d'Etat ou réclamer la publication d'indicateurs économiques tenus secrets depuis que l'économie nationale traverse de grosses difficultés.
Membre de l'Opep, le Venezuela est fortement affecté par la chute des cours sur le marché du pétrole, connaît une inflation galopante et subit des pénuries chroniques.
Ces élections législatives n'auront pas un impact immédiat sur le mandat présidentiel de Nicola Maduro, qui expire en 2019. Mais l'opposition pourrait tenter d'organiser un référendum sur la destitution du chef de l'Etat en 2016, à condition de récolter environ 4 millions de signatures.
(Jean-Stéphane Brosse pour le service français)