PARIS (Reuters) - Emmanuel Macron a plaidé lundi pour un retrait du Soudan de la liste noire américaine des "Etats soutenant le terrorisme", étape "indispensable" selon le président français pour permettre à ce pays d'Afrique de l'Est de redresser son économie et de faire de la révolution de décembre 2018 un succès.
"Nous continuerons bien évidemment à plaider auprès des Etats-Unis pour que le Soudan soit retiré de la liste des Etats soutenant le terrorisme, ce qui lui permettra de normaliser ses relations avec les institutions financières internationales", a dit Emmanuel Macron à l'issue d'un entretien avec le Premier ministre soudanais, Abdalla Hamdok, à l'Elysée.
"C'est un combat essentiel et nous vous appuierons entièrement", a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse conjointe. "Cette actualisation de la liste est indispensable pour donner toutes ses chances à un gouvernement de transition. Ce point est un préalable aux autres étapes parce que si longtemps que le Soudan figure sur cette liste, il est très difficile de procéder à une restructuration (de la dette-NDLR) en club de Paris comme il est très difficile d'accueillir de nouveaux investissements internationaux."
Confirmant une aide française de 60 millions d'euros - dont 15 millions très rapidement - destinée essentiellement aux populations les plus vulnérables, le chef de l'Etat français a également annoncé la tenue en France "d'une conférence internationale de mobilisation des bailleurs publics et privés internationaux pour accompagner" le Soudan et la région.
Le Soudan figure depuis 1993 sur la liste noire américaine des "Etats soutenant le terrorisme" en raison notamment de son soutien présumé à des groupes djihadistes, aux atteintes aux droits de l'homme et au conflit au Darfour. Depuis, son économie a été asphyxiée par les sanctions américaines.
"Il n'y aura pas de paix si l'économie ne repart pas et l'économie ne repartira pas s'il n'y a pas la paix", a estimé Abdalla Hamdok à l'Elysée. Le retrait du Soudan de la liste noire américaine "est la clef pour résoudre l'ensemble des autres problèmes".
Sur le plan politique, Emmanuel Macron a salué la rencontre, dimanche à Paris, entre le Premier ministre soudanais et le chef d'un des principaux groupes rebelles au Darfour, Abdel Wahid Nur, à la tête de l'"armée de libération du Soudan", y voyant "une étape essentielle" pour la paix.
"Nous avons facilité l'entretien que le Premier ministre Hamdok a eu hier avec Abdel Wahid Nur, qui se trouve dans notre pays", a dit le chef de l'Etat français. "La décision d'accepter cet entretien que vous avez souhaité est une bonne décision et je pense que l'étape franchie hier est une étape essentielle."
(Marine Pennetier, édité par Bertrand Boucey)