PARIS (Reuters) - Emmanuel Macron, candidat à l'élection présidentielle, propose de remplacer les cotisations d'assurance chômage et maladie des salariés par une hausse de la contribution sociale généralisée, à l'assiette plus large, pour augmenter leur pouvoir d'achat.
L'ex-ministre de l'Economie de François Hollande, qui refuse obstinément de passer par la primaire de la gauche, présentera samedi les grandes lignes de son programme économique lors de son premier grand meeting de campagne, à Paris.
Interrogé jeudi sur BFM TV et RMC, il a dit vouloir permettre aux Français de mieux vivre de leur travail en réduisant l'écart entre salaire brut et salaire net.
"Ce que je veux faire, c'est supprimer les cotisations maladie et les cotisations chômage que paye le salarié. (...) Ce qui fait que pour un couple au smic aujourd'hui, ça fera un peu plus de 500 euros par an, net, de gain", a-t-il expliqué.
Cette mesure sera financée par une hausse de la CSG "pour tout le monde", y compris sur les revenus du capital et pour les retraités les plus aisés, a-t-il poursuivi.
Seuls les 40% de retraités les plus modestes seront épargnés par cette hausse, a précisé Emmanuel Macron : "L'engagement que je prends ici (...), c'est que toutes les petites retraites auront leur pouvoir d'achat protégé."
Les travailleurs non salariés (indépendants ou artisans) bénéficieront de baisses de charge équivalentes, a-t-il ajouté.
"C'est un gain de pouvoir d'achat pour tous les salariés et non salariés, c'est-à-dire pour tous les travailleurs français, qui ne sera pas payé par les patrons et donc qui ne réduira pas leur compétitivité", a fait valoir l'ancien ministre.
Emmanuel Macron promet également de permettre aux travailleurs indépendants de bénéficier du crédit d'impôt compétitivité-emploi (Cice), créé sous le quinquennat en cours pour améliorer la compétitivité des entreprises.
CICE ET RSI
"Ça veut dire que je m'engage à transformer le Cice (en) allègement de charge dans la durée", a-t-il expliqué.
Il promet par ailleurs une refonte du régime social des indépendants (RSI), le régime obligatoire de Sécurité sociale qui assure la couverture maladie et retraite des artisans et des commerçants, dont le coût et les dysfonctionnements sont très critiqués par les intéressés.
Emmanuel Macron, qui propose de transférer la gestion de l'assurance chômage des partenaires sociaux à l'Etat, a également pris le contrepied du candidat de la droite, François Fillon, en matière de protection sociale, en particulier dans le domaine de la santé.
"Je préserverai des boucliers, des protections pour chacune et chacun (...) et donc je m'engage ici à ce que sur la santé on ne modifie rien, on ne retranche aucun droit, on ne dérembourse aucun soin", a déclaré le ministre de l'Economie.
Il promet aussi de préserver les minima sociaux tout en renforçant les incitations au retour à l'emploi et de faire la réforme des prud'hommes qu'il n'a pas réussi à obtenir quand il était ministre de l'Economie.
Il souhaite ainsi mettre en place un plafond et un plancher, en fonction notamment de l'âge et de l'ancienneté du salarié, pour les indemnités versées en cas de licenciement abusif.
Dans le domaine de l'éducation, il s'engage à investir "massivement" dans les quartiers les plus en difficulté, notamment en dédoublant les classes en dernière année de maternelle et pour les deux premières années de primaire.
Enfin, il s'engage à ne pas multiplier les réformes fiscales qui créent une instabilité pénalisante pour l'économie.
"Ce que je propose, c'est de ne pas toucher à un impôt plusieurs fois dans un quinquennat, quelque impôt que ce soit ; c'est un principe de stabilité fiscale et je l'inscrirai dès le début : lorsque vous modifiez un impôt, vous le modifiez une bonne fois pour toute dans le quinquennat", a-t-il expliqué.
(Emmanuel Jarry)