Les besoins en gaz de la France seront satisfaits cet hiver, même en cas d'épisode de très grand froid ou de rupture totale des approvisionnements de gaz russe, a indiqué mercredi le gestionnaire de l'essentiel du réseau français de gazoducs, GRTgaz.
"Les conditions d'exploitation prévisionnelles (du) réseau de transport de gaz sont satisfaisantes. Cette situation doit permettre d'assurer un équilibre entre l'offre et la demande de gaz", a assuré la filiale de GDF Suez (PARIS:GSZ) qui gère 85% du réseau de gazoducs en France, dans son analyse prévisionnelle.
Mais pour assurer cet équilibre en période de grand froid, le réseau "doit pouvoir s'appuyer sur tous les points d'entrée du gaz sur le territoire: interconnexions terrestres, terminaux méthaniers et stockages souterrains", a précisé GRTgaz.
Principale assurance en cas de pic de consommation, les niveaux des stocks de gaz -- qui ont une capacité correspondant à 30% de la consommation annuelle de la France -- sont "satisfaisants" à l'approche de la saison froide, a indiqué Thierry Trouvé, directeur général de GRTgaz.
Ils s'élèvent actuellement à près de 8,5 milliards de mètres cubes sur les zones gérées par GRTgaz en France selon Gas Infrastructure Europe (GIE), l'institution qui centralise les informations au niveau européen. C'est presque 1 milliard de plus qu'à la même période de l'an dernier.
Depuis l'hiver 2012/13, particulièrement froid, qui avait causé des tensions importantes sur les réseaux de gaz, la France a revu à la hausse les obligations de stockage des fournisseurs et à renforcé les contrôles.
Par ailleurs, contrairement à l'an dernier, l'écart des prix de gros du gaz entre l'été et l'hiver est resté assez important, augmentant l'intérêt du stockage pour les opérateurs.
Ainsi, en cas de grande vague de froid (selon un scenario modélisé qui se produit une fois tous les 50 ans), l'approvisionnement sera assuré, avec même un excédent de gaz disponible dans le réseau de 372 gigawattsheure/jour, selon les prévisions de GRTgaz.
Mais pour ce faire il faudra mobiliser "à un régime important" les terminaux méthaniers de Fos et Montoir-de-Bretagne pour importer une plus grande quantité de gaz naturel liquéfié (GNL), a prévenu Thierry Trouvé.
"Ce n'est pas impossible, mais c'est aux fournisseurs de le prévoir", a-t-il ajouté.
Ces terminaux seraient également mis à contribution en cas de regain de tension entre l'Europe et la Russie qui entraînerait une coupure de l'approvisionnement en gaz russe, même si, selon Thierry Trouvé, "la situation s'est quand même détendue" depuis la signature de l'accord le 31 octobre dernier entre l'Ukraine, la Russie et l'Union européenne.
Par ailleurs, la mise en service depuis la précédente crise de 2009 du gazoduc Northstream (mer Baltique) qui court-circuite l'Ukraine pour une partie des livraisons de gaz russe, a renforcé la sécurité d'approvisionnement.
Malgré tout, si une telle crise arrivait, "la France devrait compenser entre 15 et 20% de ses approvisionnements et nous avons déjà géré des problèmes de cet ordre de grandeur", a affirmé M. Trouvé.
Pour suivre en direct l'évolution de la situation sur le réseau, GRTgaz a reconduit son mécanisme d'info-vigilance. La société publie sur internet l'état du réseau et lance des alertes à la vigilance avec une visibilité de 5 jours en cas de tension.
L'an dernier, il avait ainsi émis 14 alertes à la vigilance orange, accompagnées de recommandations à mettre en oeuvre aux opérateurs.