par John Irish et Marine Pennetier
PARIS (Reuters) - Benjamin Netanyahu a opposé mercredi un "non conditionnel" à la proposition de la France d'organiser une rencontre avec le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas à Paris dans la foulée de la conférence internationale pour la paix au Proche Orient prévue ce mois-ci et destinée à relancer un processus moribond.
Les services du Premier ministre israélien précisent que Benjamin Netanyahu a prévenu le président François Hollande qu'il n'envisagerait un tel entretien que si Paris renonce à organiser la conférence, à laquelle Israël est fermement opposé.
"Netanyahu a dit à Hollande que s'il n'y a pas de conférence internationale, il viendra rencontrer Abou Mazen (Abbas) pour des discussions directes sans conditions préalables. Israël ne participera pas à une conférence internationale qui ne contribuerait pas à la paix", disent-ils dans un communiqué.
Le chef de la diplomatie française, Jean-Marc Ayrault, avait confirmé plus tôt dans la journée que Paris s'activait pour organiser "le plus vite possible" un tel entretien, évoquant "un travail de préparation et de conviction" en cours.
La dernière rencontre en public des dirigeants israélien et palestinien remonte à fin septembre lors des funérailles de l'ancien président israélien Shimon Peres. Une initiative russe lancée en septembre visant à réunir Mahmoud Abbas et Benjamin Netanyahu à Moscou n'a pour l'heure pas abouti.
A Ramallah, siège de l'Autorité palestinienne, l'initiative française a été bien accueillie par le porte-parole de Mahmoud Abbas, Nabil Abou Roudeineh, qui a toutefois précisé ne pas encore avoir reçu d'invitation officielle de Paris.
"Nous accueillons tout effort de la France visant à sauver un processus politique chancelant", a-t-il dit à Reuters.
OPPOSITION ISRAÉLIENNE
Depuis la suspension en avril 2014 des dernières négociations de paix directes entre Israël et l'Autorité palestinienne menées sous l'égide des Etats-Unis, la France s'active en coulisses pour relancer les discussions et faire aboutir la solution à deux Etats, non sans difficultés.
L'activisme français irrite les autorités israéliennes qui estiment que seules des négociations bilatérales directes peuvent débloquer la situation.
En dépit de l'opposition israélienne, Jean-Marc Ayrault a confirmé l'intention de la France d'accueillir une nouvelle conférence internationale, comme s'y étaient engagés les 28 Etats et organisations réunis à Paris le 3 juin.
"Nous sommes toujours déterminés à mettre en oeuvre notre initiative", a dit le chef de la diplomatie française. "Le plus tôt sera le mieux."
"Il faut créer à nouveau les conditions de deux Etats. Nous sommes actuellement dans un travail intense de relations avec nos partenaires pour créer les conditions", a-t-il ajouté.
François Hollande "prendra lui-même sa part pour faire en sorte de ne pas abandonner la cause de la paix et de la réconciliation entre Israéliens est Palestiniens".
Le chef de l'Etat français devrait aussi s'entretenir à ce sujet mercredi avec son homologue américain Barack Obama, selon des diplomates.
A l'heure où l'administration américaine est en pleine transition politique, la présence des Etats-Unis à la conférence, dont la date précise n'a pas encore été fixée, n'est pas encore actée.
Si les Américains ne viennent pas à Paris, les chances que la conférence se tienne sont infimes, souligne un diplomate français.
Dans une interview au New York Times fin novembre, le président élu Donald Trump, qui doit prendre ses fonctions en janvier, a confié qu'il "adorerai (t) être celui qui fera (it) la paix entre Israël et les Palestiniens".
(Tangi Salaün pour le service français)