par John Irish et Marine Pennetier
PARIS (Reuters) - La France a réclamé mardi la tenue d'une réunion du Conseil de sécurité de l'Onu pour évoquer les exactions qui auraient été commises à Alep, la deuxième ville de Syrie, par les forces de Bachar al Assad et de ses alliés, engagées dans une opération de reconquête des quartiers tenus par les rebelles.
A l'heure où les forces du régime tentent de venir à bout de la dernière poche de résistance à Alep-Est, le Haut Commissariat de l'Onu aux droits de l'homme a fait état de 82 exécutions sommaires imputées à l'armée et aux milices qui lui prêtent main forte dans les quartiers repris aux insurgés.
"Face aux allégations d'exactions à Alep, la France demande une réunion du Conseil de sécurité des Nations unies", écrit le chef de la diplomatie française Jean-Marc Ayrault sur son compte Twitter.
Dans la matinée, il avait appelé les Nations unies à utiliser "sans délai" tous les mécanismes qui permettraient de faire la lumière "sur les souffrances infligées aux populations civiles".
Pour Jean-Marc Ayrault, les soutiens du régime, "à commencer par la Russie, ne peuvent pas laisser faire et admettre cette logique de vengeance et de terreur systématique sans prendre le risque d’en être complices".
A l'image de la dizaine de pays occidentaux et arabes réunis samedi à Paris, la France apparaît démunie face à l'opération de reconquête en cours des quartiers-est de la ville par les forces de Bachar al Assad, appuyées par leurs alliés russe et iranien, poussant à la fuite des milliers de civils.
LETTRE MORTE
Depuis la reprise des bombardements mi-septembre des quartiers tenus par les rebelles par les aviations russe et syrienne, la communauté internationale a tenté, en vain, de convaincre les alliés du régime - Russie et Iran - d'user de leur influence pour mettre en place un cessez-le-feu immédiat.
Des appels jusqu'à présent restés lettre morte. Pour la sixième fois depuis le début du conflit en Syrie en 2011, la Russie a mis son veto le 5 décembre dernier à une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies. Le texte demandait notamment l’arrêt des bombardements sur les quartiers est d’Alep, pour permettre l’acheminement d’aide humanitaire.
Malgré ce blocage à l'Onu, la France entend maintenir "la pression sur le régime et ses soutiens", a souligné une source diplomatique, pointant une "contradiction russe".
"On ne peut pas être dans une stratégie à la Grozny, raser tout le pays, et réclamer en même temps des négociations politiques", poursuit cette source.
"Le régime syrien ne gagnera pas cette guerre, les Russes ne gagneront pas cette guerre. Il ne faut pas penser qu'une fois la Syrie utile reconquise, tout va reprendre comme avant, les fleurs vont repousser, l'Union européenne va payer la reconstruction et on tournera la page du conflit syrien."
(Edité par Yves Clarisse)